NETTALI.COM - Lors du vote du budget du ministère de la Communication à l’Assemblée nationale, des députés ont fait un plaidoyer en faveur de la presse, demandant au ministre du secteur, Aliou Sall de résoudre les questions liées au fonds d'aide à la presse, les prestations non payées attachées aux conventions signées entre les entreprises publiques et les entreprises de la presse privée. Ce qui permettrait, selon eux, aux entreprises de presse d'éponger les nombreux mois d'arriérés de salaire.
Prenant la parole, le député Pape Djibril Fall a alerté sur la situation des journalistes au Sénégal, soulignant qu’ils subissent les “dégâts collatéraux” des conflits entre le gouvernement et la presse. Aussi, a-il insisté sur le fait que ces victimes sont souvent des jeunes et des femmes, des employés qui n’ont aucun rôle dans les tensions entre l'Etat et le patronat des médias, informant que certains d'entre eux n’auraient pas perçu de salaire depuis six mois. Une situation qu’il juge inacceptable et qui nécessite une intervention immédiate afin de protéger leurs droits.
Pour Pape Djibril Fall, le rôle de l’État n’est pas d’écraser les employés ou d’aggraver la précarité des journalistes, mais de veiller à la stabilité des emplois dans le secteur.
Le député a aussi évoqué d’autres sujets liées aux médias et a appelé le gouvernement à concentrer ses efforts sur la préservation des emplois et le bien être des travailleurs, afin que les conflits institutionnels ne deviennent pas un fardeau pour ceux qui ne font qu’exercer leur métier.
Oumar Sy, député de Pastef : “on peut s’arranger à effacer l’ardoise et repartir sur de nouvelles bases”
Un autre député, celui du parti Pastef, Oumar Sy a lui aussi délivré un message à la fois ferme et conciliant sur la situation actuelle de la presse sénégalaise. Conscient de la complexité des tensions entre institutions et acteurs médiatiques, il a exhorté toutes les parties à “trouver des plages de convergence dans le respect des lois et règlements du pays”.
S’adressant directement au ministre, il a souligné, qu’au delà des relations personnelles avec lui, le débat étant désormais public, la transparence et le dialogue restent indispensables pour apaiser le climat.
Abordant la question sensible de l’aide à la presse, Oumar Sy a demandé une accélération du processus afin de respecter les critères légaux. Sy a aussi évoqué la question des conventions héritées du régime précédent, estimant que si certaines prestations ont été effectivement réalisées et dûment prouvées, “on peut s’arranger à effacer l’ardoise et repartir sur de nouvelles bases”.
Une démarche qui, selon lui, servirait avant tout “l’intérêt du Sénégal” et contribuerait à stabiliser un secteur médiatique déjà fragilisé, avant de conclure sur les difficultés persistantes de réseau dans la zone de Linguère.
Mbaye Dione : "Payez à la presse sénégalaise l’argent que vous lui devez. Après..."
De son côté, le député Mbaye Dione a exhorté fermement le ministre de la Communication à payer à la presse, les arriérés que l'État lui doit.
" Payez à la presse sénégalaise l’argent que vous lui devez. Après cela, vous êtes libres de ne pas signer les conventions ", a martelé le député de l'opposition, Mbaye Dione lors de l'examen du budget du ministère de la Communication.
Lors de son intervention, le parlementaire a évoqué les difficultés économiques des entreprises de presse face aux obligations financières non remplies de l'État. Le député a rappelé la promesse faite par le Président de la République lors de la cérémonie du 4 avril de procéder au règlement de la dette due. Il a insisté sur la nécessité d'effectuer ce paiement sans condition préalable, martelant : "Le Sénégal est en train d’apurer toutes ses dettes. Celle due à la presse en fait partie, il faut la payer. [...] Une dette, ça se paye ".
Ainsi, il exhorte l'État 'à régler ses arriérés financiers envers les médias sénégalais. Il a mis en évidence le rôle essentiel de la presse privée, qu'il a qualifiée de mission de service public, un engagement particulièrement prouvé durant des crises sanitaires comme la Covid-19.
Mbaye Dione a déploré que le Fonds d’appui à la presse, bien que voté par l’Assemblée nationale, n'ait toujours pas été distribué. Il a demandé au ministre de respecter la loi relative à ce fonds, d'assurer une distribution équitable et d'associer les organisations professionnelles, notamment la CEDEPS, aux discussions sur sa gestion.
Le député de l'opposition a également soulevé la question de l'équité fiscale. Mbaye Dionne a demandé au ministre Aliou Sall de ne pas en faire une condition sine qua non pour bénéficier du soutien de l'État. Selon lui, c'est à l'État de régler sa propre dette en priorité, car la situation économique précaire des médias ne leur permet pas d'assumer certaines charges fiscales dans l'immédiat.





