NETTALI.COM - Invité de l’émission "Champ contre Champ" sur la RTS, le directeur exécutif d’Amnesty Sénégal, Seydi Gassama, a fait une analyse de la situation politique, économique et judiciaire du pays. Il a tour à tour évoqué le rôle du FMI, la question de l’indépendance de la justice, celle de la liberté de manifester, sans oublier les conditions carcérales et l’offense au chef de l’État, tout en appelant les autorités à « éviter les dérives” et à garantir “le respect des droits de tous, sans exception ».

FMI : Gassama exhume les leçons du passé

Seydi Gassama a abordé la question de la relation entre le Sénégal et le Fonds monétaire international. Et c'est pour rappeler « le traumatisme du Programme d’Ajustement Structurel des années 80 sous Abdou Diouf » et a estimé au passage que le pays doit absolument éviter les erreurs qui avaient fragilisé les populations. Selon lui, les politiques économiques doivent désormais « protéger les droits sociaux fondamentaux » et renoncer aux mesures d’austérité susceptibles d’accentuer les inégalités.

Liberté de manifestation : des améliorations fragiles

Seydi Gassama n'a pas manqué de saluer les progrès constatés dans la gestion des manifestations, mais souligne que des pressions politiques subsistent. « Parfois, ce sont les acteurs politiques eux-mêmes, majorité comme opposition qui poussent les préfets à bout », regrette-t-il, tout e appelant à une classe politique plus responsable afin de consolider des acquis jugés encore fragiles.

L'Offense au chef de l’État : un délit « désuet »

Sur le délit d’offense au chef de l’État, Gassama est catégorique. « Ce texte doit être supprimé. Hérité du code pénal français des années 60, il n’a plus de raison d’exister dans une démocratie moderne », fait-il savoir, tout en précisant que cette recommandation figurait déjà dans les conclusions des Assises de la Justice.

S’adressant ensuite aux militants du Pastef, il indique que les auditions ont commencé. Amnesty a écrit au ministère de la Justice pour demander des aménagements concernant les personnes vivant hors de Dakar : « Les victimes se trouvent aussi dans ces localités. Le traitement doit être équitable. »

Conditions carcérales : l’urgence d’une réforme en profondeur

Sur la question des prisons, le directeur d’Amnesty Sénégal se montre inquiet face à la surpopulation et aux conditions de détention jugées « alarmantes ».

Celui-ci se félicite toutefois de l’annonce de l’ouverture prochaine de la prison de Fatick, qu’il considère comme « une bonne nouvelle ».

Mais selon lui, l’essentiel reste à faire : « Les sanctions doivent être reconsidérées. Il faut promouvoir les peines alternatives et sortir de la logique de l’incarcération systématique. »