NETTALI.COM- Dans une lettre ouverte adressée à la presse, le Collectif des Coordonnateurs des Maisons de justice non intégrés dénonce une situation de précarité et d’inégalité de traitement qui mine le dispositif de la justice de proximité. Ces auxiliaires de justice qui dénoncent l’opacité et l’inertie du Ministère de la Justice face à leur situation, réclament leur intégration dans la Fonction publique et l'établissement d’un plan de carrière.
Les coordonnateurs des Maisons de Justice sont en rogne. Dans une lettre adressée à la presse, ils dénoncent l’oubli administratif et les inégalités de traitement dont ils disent être victimes.
Lancé au début des années 2000, le dispositif des Maisons de Justice (réglementé par le Décret n°2007-1254) visait à désengorger les tribunaux et à améliorer l’accès et l'efficacité de la justice par le traitement rapide et gratuit des affaires. Si l’État sénégalais a reconnu le rôle central des Coordonnateurs en intégrant une partie d’entre eux à la Fonction publique en 2013, « le processus semble aujourd’hui au point mort », selon les auteurs de la lettre ouverte. A les croire, sur les trente-trois (33) Coordonnateurs actuellement en fonction, seuls neuf (9) ont été intégrés et les vingt-quatre (24) autres sont laissés dans une « situation de précarité notoire ». Le Collectif estime que ce traitement est « en contradiction flagrante » avec les principes fondamentaux du droit social.
Alors que les ministères de l’Éducation et de la Santé s’attellent à corriger les inégalités socio-professionnelles de leurs agents, le Ministère de la Justice est pointé du doigt pour son « opacité » et son inaction. Selon le Collectif celui-ci « ne cesse de se glorifier » des résultats du dispositif de proximité, tandis que les acteurs qui le portent « souffrent en silence ». « Certains de ces agents comptent cinq, dix ans, voire plus, de service. Cette précarité a conduit à des démissions, les conditions actuelles ne favorisant pas leur maintien », affirme l’entité.
D’apres elle, le problème des Coordonnateurs non intégrés touche à la fois le plan professionnel et le plan social. Titulaires au moins d’une maîtrise ou d’un Master 2 en sciences juridiques, ils se retrouvent sans aucun plan de carrière.
Sur le plan social, l’absence de preuve d’un emploi permanent (contrat ou bulletin de salaire stable) leur ferme l’accès aux prêts bancaires, notamment immobiliers. Pire, ils ne sont pas enrôlés au niveau des institutions sociales de protection des travailleurs, les privant de retraite, de sécurité sociale et de prise en charge médicale.
La source soutient que cette situation contraste avec celle des coordonnateurs intégrés qui, en tant qu’agents de l’État, « jouissent de la protection sociale, de la sécurité de l’emploi, d’une augmentation de salaire, de l’avancement, d’un accès au fonds commun de la justice et d’un traitement salarial jusqu’à trois fois supérieur, en plus d’une liberté de gestion de leur budget de fonctionnement ».
Pour un meilleur traitement, le Collectif lance ainsi un appel aux autorités compétentes pour mettre fin à cette discrimination et garantir l’intégration pleine et entière de tous les Coordonnateurs, reconnaissant ainsi la dignité et l’importance de leur mission au service de la justice sénégalaise.






