CONTRIBUTION - On l’attendait comme un moment de vérité. Un tournant politique. Une démonstration de force annonciatrice d’un souffle nouveau.

Le «Téra meeting» d’Ousmane Sonko, tant préparé, tant espéré, devait être ce temps fort où le Premier ministre allait redonner du sens, relancer l’élan et réenchanter le projet gouvernemental. Et pourtant, après les slogans, les cris et la ferveur, une question demeure : tout ça pour ça ?

Le spectacle était maîtrisé, la foule au rendez-vous, la scénographie impeccable. Rien n’a manqué sur le plan symbolique. Mais, au-delà des effets visuels et du charisme du leader, le message a peiné à surprendre. Les mots étaient les mêmes, les intonations familières, les promesses recyclées. Un air de déjà-vu, déjà-entendu. Et comme si cela ne suffisait pas, on a encore entendu les mêmes refrains : des menaces à peine voilées, des cris de victimisation, des annonces de poursuites à la suite de rapports jusque-là imaginaires — que le Premier ministre dit détenir, et dont il affirme avoir remis copie au Président de la République. C’est le monde à l’envers !

Car, selon les règles de fonctionnement de l’État, le Président est le seul dépositaire et signataire exclusif de tout rapport officiel avant toute diffusion à qui que ce soit, Premier ministre compris. Pourquoi alors cette entorse préméditée ? Une tentative de réouverture d’un dossier défavorable ? Un alibi pour revanche ? Ou simple diversion politique ? Les jours à venir en diront plus. Sacré Ousmane Sonko !

Téra meeting, oui… et après ? Car, un discours, fût-il enflammé, ne suffit plus à nourrir l’espérance d’un peuple. Le Sénégal d’aujourd’hui n’a plus besoin de slogans révolutionnaires, mais de résultats tangibles. Les jeunes attendent des emplois, les paysans réclament une politique agricole claire, les ménages veulent du souffle dans leur quotidien. Autant de priorités que le verbe seul ne résout pas.

Cette impression d’essoufflement est d’autant plus paradoxale que le pouvoir actuel incarne une promesse de rupture. Mais comment incarner le changement quand le langage politique reste figé dans les mêmes schémas ? La rhétorique de la résistance a fait son temps. Le pays réclame désormais la pédagogie de la responsabilité. Il ne s’agit pas de minimiser la portée du meeting, ni de nier la ferveur populaire qui l’a accompagné.

Mais, le leadership se mesure, désormais, à la capacité d’agir, pas seulement, de rassembler. L’exercice du pouvoir est une autre scène : moins bruyante, plus exigeante.

Téra meeting, oui… mais, après ? Après, il faut gouverner. Poser des actes, tracer des perspectives, expliquer, corriger, convaincre. Le Sénégal ne peut plus se contenter d’attendre des symboles. Le peuple veut du concret. Les meetings passent, les réalités restent. *BBF*