NETTALI.COM - Invité de l’émission "En vérité" sur Radio Sénégal, Ayib Daffé, le secrétaire général du parti Pastef et président du groupe parlementaire à l'Assemblée nationale, s’est longuement exprimé sur la persistance du « système » au sein de l’État sénégalais, près de deux ans après l’arrivée au pouvoir du président Bassirou Diomaye Faye et de son Premier ministre Ousmane Sonko.

Interrogé sur les raisons pour lesquelles le changement promis, tarde à se concrétiser, Ayib Daffé a reconnu que le processus de transformation est complexe et nécessite du temps. « Le système est là depuis la période coloniale, avant même notre indépendance. Ce sont des pratiques qui ne prennent pas en compte l’intérêt des Sénégalais. Ce n’est pas en 18 mois que ces habitudes vont disparaître », a-t-il expliqué, soulignant la profondeur historique et structurelle du problème.

Mais pour le responsable de Pastef, la principale difficulté vient de l’intérieur même de l’appareil d’État. « Il y a des personnes dans l’État qui ne veulent pas que les changements se réalisent. Elles veulent stagner ou retourner carrément en arrière. Mais ces gens-là, il faut les combattre. C’est ce qu’on appelle le système même », a-t-il déclaré avec fermeté.

Ayib Daffé a également insisté sur la nécessité d’une transformation globale et concertée impliquant l’ensemble des acteurs institutionnels et sectoriels. « Dans tous les domaines, il y a des problèmes. Mais pour réussir la transformation, il faut l’implication des acteurs du secteur, ainsi que des autorités au niveau législatif, exécutif et judiciaire », a-t-il indiqué, ajoutant que cette vision de réforme s’inscrit dans le long terme, avec un horizon fixé à 2050.

Pour Ayib Daffé, la bataille contre le système ne se limite pas à un simple changement de régime : elle nécessite un travail en profondeur, une mobilisation collective et une détermination sans faille pour éradiquer les résistances internes qui freinent le progrès.

Ayib Daffé plaide pour une justice au service du peuple

Selon lui, la justice joue un rôle central dans le processus de redressement de l’État. « La justice a un rôle très important à jouer parce qu’il y a des choses que seule la justice peut résoudre. Par exemple, dans notre programme, la bonne gouvernance occupe une place importante, et sa réussite dépend d’une justice transparente, efficace, équitable et accessible à tous les Sénégalais », a-t-il expliqué. Il a toutefois regretté que, malgré l’existence de textes clairs, certains acteurs ne les appliquent pas correctement, faute de conscience des enjeux et de leur responsabilité envers le peuple.

Interpellé sur l’appel au « nettoyage » de la justice lancé par le Premier ministre Ousmane Sonko, Ayib Daffé a approuvé sans détour : « Évidemment, c’est la solution. Si on parle de nettoyage, c’est dans toute l’administration. Être agent de l’État implique une certaine éthique et un respect vis-à-vis de la hiérarchie. Même si la justice est indépendante, il y a des textes qui la lient, et tout ce qu’elle fait, c’est au nom du peuple », a-t-il déclaré.

Il a également insisté sur la nécessité d’agir sur la base des rapports fournis par les corps de contrôle de l’État pour identifier les dysfonctionnements : « Quand on constate des manquements de certains agents, il faut les remplacer par d’autres qui ont les mêmes compétences, mais plus de rigueur et d’intégrité », a-t-il ajouté.

Pour Ayib Daffé, la refondation de l’administration et de la justice doit s’accompagner d’un changement profond de mentalités : « La justice n’appartient pas aux magistrats mais au peuple, car elle est rendue en son nom, même si nous sommes tous attachés à la séparation des pouvoirs. »