NETTALI.COM - Plus d’un an après le scandale dit de la dette cachée, le FMI continue le ping-pong avec le Sénégal. À l’issue d’un séjour de deux semaines à Dakar, l’institution de Bretton Woods a salué les efforts de l’administration Diomaye, mais en sollicite toujours davantage avant tout nouvel accord.

Ceux qui s’attendaient à une conclusion rapide d’un nouveau programme entre le Fonds monétaire international et le Sénégal devront déchanter. Il ressort du communiqué de fin de mission de l’institution publié le jeudi 6 novembre que les deux parties ont encore un long chemin à parcourir. “Cette mission a permis de poser des bases solides pour la suite des discussions, et nous nous réjouissons de poursuivre le dialogue dans les prochaines semaines, afin de finaliser un accord sur les politiques économiques et réformes qui soutiendront le nouveau programme”, a déclaré le chef de la délégation Edward Gemayel.

En d’autres termes, presque le même langage depuis plusieurs mois. Le FMI félicite les autorités pour leur volonté de transparence ; le FMI salue des discussions constructives ; le FMI salue les efforts…, mais il en demande toujours plus avant tout nouvel accord. Comme annoncé par les médias, le communiqué a confirmé que la dette du secteur public et parapublic du Sénégal est estimée à 132 % du PIB à fin 2024, dont 4 % d’arriérés intérieurs de paiement, en attendant les résultats de l’audit en cours mené par l’Inspection générale des finances sur lesdits arriérés de paiement.

Les autorités poursuivent la mise en oeuvre d’opérations de gestion active de la dette, tant sur la dette intérieure qu’extérieure, afin de réduire les vulnérabilités liées à la dette. En outre, les deux parties ont échangé sur plusieurs options pour adresser les défis budgétaires et de gestion de la dette mis en évidence par les conclusions de l’audit des finances publiques”, indique le document qui salue “des progrès notables réalisés dans la mise en oeuvre des mesures correctives liées au cas de dette cachée, notamment en matière de publication de la dette”.

Les préalables à tout nouvel accord

Mais le FMI attend bien plus. À lire le communiqué, certaines des corrections attendues ne sont toujours pas effectives. “Le renforcement des capacités de gestion de la dette et la centralisation des fonctions y afférentes au sein d’un même ministère demeurent des priorités clés pour améliorer le contrôle, la transparence et la redevabilité”, rapporte la délégation, non sans insister : “L’achèvement de la réforme sur la gestion de la dette et la mise en oeuvre complète des mesures correctives restantes seront essentiels pour clore définitivement le dossier de la dette cachée.

Cela dit, le FMI salue l’engagement de l’administration Diomaye qui semble être en parfaite convergence de vue avec cette institution de Bretton Woods, relativement à la transparence, à la discipline budgétaire et à la gestion macroéconomique prudente.

Le FMI a aussi relevé la résilience de l’économie sénégalaise. “Malgré un contexte mondial incertain et des conditions de financement plus strictes, l’économie sénégalaise demeure robuste en 2025, soutenue par la première année complète de production pétrolière et gazière ainsi qu’un rebond de l’agriculture. La croissance du PIB réel est estimée à environ 7,9 % cette année, dont 3,4 % pour le secteur non-hydrocarbures, tandis que l’inflation devrait s’établir en moyenne à 1,4 %.”

Le FMI “valide” un déficit qui passerait de 13,4 % à 5,4 % dès 2027

Selon le FMI, le déficit global devrait se réduire nettement, passant de 13,4 % du PIB en 2024 à 7,8 % en 2025, reflétant l’engagement fort des autorités en faveur de la consolidation budgétaire. La trajectoire devrait être consolidée si l’on en croit les prévisions. “Le projet de loi de finances 2026 confirme cet engagement en ciblant une nouvelle réduction du déficit à 5,4 % du PIB. Cet objectif repose sur une mobilisation ambitieuse des recettes – à travers de nouvelles taxes sur les jeux de hasard, les transferts mobiles et d’autres mesures notamment relatives au foncier, ainsi qu’une suppression progressive des exonérations fiscales, combinée à la poursuite de la discipline en matière de dépenses”, renseigne la délégation.

Si cette ambition est louable, selon le FMI, le rendement fiscal très élevé attendu des mesures annoncées constitue un risque significatif, soulignant la nécessité d’établir des hypothèses plus prudentes. “Une approche équilibrée permettrait de préserver les investissements à fort impact et les dépenses prioritaires bien ciblées, indispensables pour maintenir la crédibilité budgétaire et soutenir la croissance”, souligne le document.

Comme lors des précédentes missions, le Fonds a rencontré presque toutes les autorités impliquées : ministère des Finances et du Budget, ministère de l’Économie, du Plan et de la Coopération, ministère de la Justice, le Gouverneur de la BCEAO, mais aussi le président de la République et son ministre d’État Al Aminou Lo. La délégation a aussi rencontré cette fois le Premier ministre.