NETTALI.COM - «Misreporting» « déclarations erronées », « dettes cachées », etc, peu importe l’expression utilisée pour qualifier la situation de confusion qui ce qui se déroule sous nos yeux et qui caractérise nos finances publiques. La grosse polémique qui s’est installée dans l’opinion, n’est en tout cas pas prête de s’estomper. Un débat s'est même installé quant à la reconnaissance par la Directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva, de l'existence d'une dette cachée. Une vidéo de quelques minutes avait en effet circulé sur le sujet, dans le cadre d'une conférence de presse au cours de laquelle, s'exprimant en anglais sur le sujet, elle avait parlé de "misreporting" (déclaration erronée") puis de "hidden debt" (dette cachée). Ce qui avait poussé certains à s'interroger sur le sens réel de l'ensemble de son raisonnement.
Le journaliste et conseiller technique à la présidence de la république Pape Sadio Thiam, dans une tribune se demande d'ailleurs pourquoi il fallait attendre la parole du FMI pour que cette vérité devienne audible et reconnue. Une manière de dire que cette dette dite cachée ne fait l’ombre d’aucun doute. Selon en effet Thiam, la réponse, en apparence simple, révèle en réalité une pathologie collective : celle d’une dépendance intellectuelle et symbolique, où la légitimité du savoir national, est suspendue à la validation d’une instance extérieure.
Ce que le conseiller semble sans doute oublier, c’est que lors d’une interview sur France 24, le président de la république demandait au FMI de « presser le pas afin qu’on sache sur quel pied danser » ? De même le Premier ministre était allé jusqu’à soupçonner une volonté de la part de l’institution « d’asphyxier le Sénégal » en « demandant papier sur papier ». Il avait fini par nuancer son propos en ces termes : « maintenant si la situation se décante avec le fonds, c’est tant mieux. Encore une fois, le Fonds, c’est juste une garantie. Ce ne sont pas les décaissements. »
L’économiste Chérif Salif Sy, un peu plus dans le décryptage des propos prêtés à la DG du FM, d’expliquer : « l’analyse des récentes déclarations de la représentante du Fonds monétaire international (FMI) relatives à la situation de la dette sénégalaise, met en lumière une nuance lexicale d’une portée déterminante. L’usage du terme « why » (pourquoi) en lieu et place de « how » (comment) n’est pas fortuit ; il oriente, selon lui, en profondeur l’interprétation du propos institutionnel, et donc la compréhension politique et juridique de la situation », estime-t-il.
Le lexique choisi par la représentante du FMI, à son avis, « exclut toute interprétation assimilable à une reconnaissance implicite d’un acte frauduleux. Il désigne plutôt une recherche de cohérence analytique, respectueuse de la rigueur méthodologique propre aux institutions financières internationales. »
D’un point de vue institutionnel, poursuit-t-il, « la position exprimée, témoigne d’une stratégie de neutralité diplomatique. Le FMI, par son mandat, ne saurait prendre parti dans les controverses politiques internes d’un État membre. En adoptant un vocabulaire prudent, il préserve la crédibilité de son expertise tout en évitant de légitimer aucune des narrations concurrentes : celle d’une « dette cachée » portée par le nouveau gouvernement, ou celle d’une simple divergence comptable défendue par l’ancien », ajoutant que « cette posture consolide le principe de non-ingérence et confirme la nature technocratique du discours économique global, où la neutralité lexicale devient un instrument diplomatique à part entière. »
Le journaliste-chroniqueur Thierno Diop est un peu plus catégorique dans sa tribune. « Depuis des mois, le gouvernement Sonko-Diomaye répète qu’il a découvert une “dette cachée” laissée par le régime précédent. En réalité, il n’a rien découvert du tout - il a simplement changé la méthode de calcul. Ce qui était auparavant une dette du parapublic, est désormais compté comme dette publique, faussant la lecture économique et alimentant un récit politique commode. »
Selon les normes internationales du Fonds monétaire international (FMI), définies dans le Government Finance Statistics Manual (GFSM), relève Thierno Diop, « la dette publique couvre uniquement le secteur gouvernemental général, c’est-à-dire l’État central, les collectivités et les institutions de sécurité sociale. Les entreprises publiques marchandes comme la SENELEC, la SONES ou AIBD SA, sont exclues, sauf si leurs dettes bénéficient d’une garantie directe du Trésor. »
L'économiste Bacary Sarr à travers une tribune, ne dit pas autre chose «ce qu’on semble reprocher à l’Administration sénégalaise est la norme dans de nombreuses économies qui n’intègrent pas la dette de leurs entreprises publiques dans la dette publique officielle. C’est le cas dans les pays de l’UE qui suivent le European System of Accounts (ESA 2010) et les critères de Maastricht, qui excluent la dette des entreprises publiques classées comme « unités de marché.»
Et celui-ci de citer quelques exemples : « En France, la dette des entreprises comme EDF ou SNCF n’est pas incluse ; en Allemagne, la dette de Deutsche Bahn ou KfW est exclue.
Aux Etats-Unis, pays où siège le FMI, la dette publique est celle du Trésor fédéral. Les entreprises publiques comme Amtrak, USPS ou les GSE (Fannie Mae, Freddie Mac) ont leur dette séparée, non consolidée dans la dette publique officielle, bien que parfois garanties implicitement.
Au Japon, pays dont la dette est à 200% par rapport au PIB selon le Global Debt Database du FMI, la dette des sociétés nationales et entreprises publiques est exclue de la dette générale du gouvernement. En Chine, la dette publique officielle exclut la dette massive des entreprises publiques locales (estimée à 300-400 % du PIB au total). Qui accuse la Chine de cacher sa dette ?»
Et l'économiste Sarr, de se demander « pourquoi ce qui est la norme dans le monde, et qui était la règle au Sénégal jusqu’en septembre 2024 et les graves accusations du Premier ministre Ousmane Sonko, a subitement changé ? Comment justifier ce revirement et ce changement méthodologique sans pointer du doigt une interprétation politicienne en vue de discréditer toute une Administration ? »
Répondant à ses détracteurs qui chercheraient à travestir ses propos prononcés au cours d’une émission sur la 7 TV, Cheikh Oumar Diagne, l’enseignant chercheur spécialisée dans les questions de finances, de monnaie et ancien directeur des moyens généraux de la présidence de la république, de faire quelques précisions : « Ce que j’ai dit depuis le début, est que la dette (vis-à-vis du secteur bancaire) ne pouvait pas être cachée, ni au FMI, ni à la BCEAO ; j’ai d’ailleurs rajouté en réclamant le limogeage du directeur Afrique du FMI. Ensuite, j’ai affirmé qu’elle n’était pas cachée au ministère car les écarts constatés, ont été relevés entre les chiffres de la DDP et ceux de la DODP. J’ai aussi interrogé la période de dissimulation, rappelant la période où l’état d’urgence avait été proclamé et les pouvoirs du Parlement transférés au PR qui pouvait par des ordonnances agir sur des compétences dédiées à l’hémicycle… »
Le chef de mission du FMI Edward Gemayel précise les étapes à venir
Des tribunes pour ne citer que celles-là, il y en a eues à la pelle. Tout cela à la vérité ne dit qu’une chose, la polémique sur le sujet est loin d’être épuisée et les discussions sont loin d’être achevées entre le Sénégal et le FMI. Et c’est d’ailleurs ce qu’a cherché à dire de manière diplomatique Edward Gemayel, le chef de mission du FMI , à travers une interview avec le quotidien « L’Observateur » du samedi 18 et dimanche 19 octobre. Celui-ci a ainsi informé que « le but de ce qu’ils sont en train de faire cette semaine, et qu’ils vont continuer à faire la semaine prochaine, c’est d’essayer d’aboutir, de se mettre d’accord sur les périmètres d’un nouveau programme financier avec le Sénégal », insistant au passage sur le mot nouveau, « parce que les autorités sénégalaises ne veulent pas continuer avec l’ancien programme », ayant émis le souhait de « commencer un nouveau programme qu’ils vont eux-mêmes négocier, en espérant pouvoir aboutir à un accord. »
Poursuivant dans sa logique de clarté, celui-ci d’ajouter : « maintenant, je dois juste ajouter ici que c’est très commun, quand on négocie un nouveau programme, qu’on ne parvienne pas immédiatement, en une seule visite, à se mettre d’accord. Parfois, ça demande un peu de suivi après. Donc, juste pour vous dire qu’on a les pieds sur la pédale, et on fonce pour un nouveau programme, c’est la même chose du côté des autorités, en espérant aboutir soit à la fin de cette visite, ou bien juste après. On sera à Dakar la semaine prochaine avec pour mandat de négocier un programme. Si on se met d’accord sur les différentes réformes et les politiques économiques, on pourra avancer. Ça fait plus d’un an qu’on discute avec les autorités sur les réformes à mettre en oeuvre. Et, nous sommes parfaitement en phase.»
M. Gemayel ne s’en arrête pas là puisqu’il fera une précision de taille : «il y a aussi un travail externe par des experts indépendants qui sont en train de voir ce qui s’est passé. Le FMI est en train de faire une révision interne de ce qui s’est passé, afin de prendre des leçons. Dans tous les départements, chacun est en train de revoir ses process de façon à éviter des choses similaires dans le futur. Il y a un travail interne qui a commencé et qui va continuer. Il y a aussi un travail externe par des experts indépendants qui sont en train de voir ce qui s’est passé, comment ça s’est passé et comment éviter un cas similaire dans le futur. Absolument, on est dans cette optique des choses».
La question, au-delà, de ces nombreuses prises de positions, est de savoir quelles vont être les conséquences de tout cela ? Il y en a en tout cas eu beaucoup, comme le journaliste Baba Aidara, pour prédire un ajustement structurel, estimant que dans la conclusion d’une tribune qu’on a affaire là à « la victoire du FMI, pas du Sénégal ». Il en veut pour preuve que ceux qui chantent victoire, devraient relire l’histoire. « Chaque fois qu’un pays africain a cru “gagner” une négociation avec le FMI, il s’est réveillé le lendemain avec un ajustement structurel autour du cou. Le FMI n’a pas fléchi — il a simplement attendu que le Sénégal se livre de lui-même. Et c’est chose faite. “Le FMI voulait enlever les subventions, Sonko les lui a offertes sur un plateau.” Voilà la vraie histoire d’une prétendue victoire, qui n’est en réalité qu’une capitulation budgétaire sous stéroïdes. Baba Aidara Journaliste d’Investigation », prévient le journaliste.
A travers ce qu’il considère comme une ironie du sort, Aidara d’écrire : « hier honni, le FMI est désormais sanctifié, béni, invité à revisiter les chiffres du trésor public sénégalais. Le même Sonko qui jurait ne jamais s’agenouiller devant les institutions de Bretton Woods, vient de leur dérouler le tapis rouge, dans une humiliante inversion des rôles. »
L'affaire vire à l'affrontement politique, mais quid des responsabilités et des conséquences ?
Au-delà, il est question de rappeler que, lors de sa dernière mission, à la fin du mois d’août, l’institution de Bretton Woods parlait de “problèmes systémiques identifiés par la Cour des comptes” et qui ont été à l’origine d’importantes déclarations erronées. Elle informait, en même temps, que les discussions se poursuivaient autour des mesures correctrices destinées à traiter les causes profondes de ces déclarations erronées.
Il avait ainsi résulté des constats du FMI, une absence de centralisation des fonctions de gestion de la dette, une absence de base de données centralisée de la dette, des manquements dans le rôle du Comité national de la dette publique, des dysfonctionnements dans le contrôle des engagements budgétaires, ainsi qu’un problème de consolidation des comptes bancaires de l’État dans le cadre du Compte unique du Trésor.
Jusque-là, sur cette équation de dette dite cachée, seuls les politiciens et le FMI se prononcent. Les premiers ont tendance à politiser le dossier à outrance, là où le FMI, pour sa part, tente plutôt de sauver sa peau et de dégager sa responsabilité dans la situation actuelle.
Le quotidien "EnQuête" dans un article du mercredi 22 octobre 2025 intitulé « le FMI alertait sur le niveau de la dette et les dysfonctionnements du système", de souligner que "malgré plusieurs évaluations et suivis des programmes, le FMI feint d’être surpris et choqué par les découvertes relatives aux finances publiques sénégalaises. Pourtant, à l’issue d’une mission d’évaluation de la transparence des finances publiques en juillet 2018, l’institution avait évalué à plus de 100% du PIB la dette publique. Il avait aussi relevé pas mal de manquements, mais visiblement n’a pas fait le nécessaire pour que les dysfonctionnements soient corrigés»
Et le journal de faire le commentaire suivant : « de la politique de l’autruche -exemple de cas précédents comme la dette du Mozambique- le FMI se presse de féliciter les autorités comme à son habitude. Or, en postes, il y a toujours les mêmes fonctionnaires dont la probité est sérieusement mise en doute, selon le spécialiste. La clé, explique Doyle, est de mettre fin à la précipitation, source de toute cette débâcle. Il ajoute : “Il faut mettre un terme à la précipitation : un programme provisoire du FMI pour le Sénégal, assorti de mesures de gel des dettes non déclarées, d'une responsabilité totale et d'une transparence ex ante, est désormais essentiel pour sauver les institutions budgétaires de ce pays et, par voie d’exemple, du monde entier.” Cette affaire met en tout cas à rude épreuve le sérieux et la rigueur des experts du Fonds monétaire international qui n’a jamais manqué une occasion de saluer l’exemplarité des gouvernants sénégalais, malgré les nombreux manquements souvent relevés»
Mais au-delà, il s'agit de questionner la responsabilité des fonctionnaires qu’on n’entend pas du tout, sous le prétexte de l’obligation de réserve ? Si problème il y a dans la tenue des comptes publics, la responsabilité de ces techniciens ne saurait être éludée. On a beau haïr l’ancien Président, ce n’est pas lui qui manipulait les comptes, même si sa responsabilité politique peut être interpellée. La preuve, il est parti depuis le 2 avril 2024, mais les problèmes persistent dans notre administration. Ce qui justifie en grande partie les blocages dans les discussions avec le Fonds monétaire international (FMI), qui ne cesse d’appeler à des mesures correctrices.
Le dossier a finalement viré à l’affrontement politique. Le Président Macky Sall qui a toujours démenti avoir caché une quelconque dette, en ayant laissé un pays avec des signaux au vert, ne compte pas laisser continuer à dénigrer sa gestion. Aussi, le coordonnateur de son collège d’avocats internationaux et d’experts financiers commis, sous la coordination de Me Pierre-Olivier Sur, a-t-il exigé l’accès aux documents ayant servi de base à l’audit des finances publiques du Sénégal. En l’absence de réponse du ministère des Finances et de la Cour des comptes, il prévoit une mise en demeure formelle..., si l’on en croit l’avocat dans une interview accordée à L’Observateur. Me Olivier Sur d'ailleurs à Dakar depuis le mercredi 22 octobre, informe en effet que si cette voie amiable demeure infructueuse, il n’exclut pas d’introduire un recours en référé.
L'équation du poids de la dette à rembourser
Ce qui est effarant à constater, c’est qu’au finish, dans le temps, le ratio de la dette par rapport au Produit intérieur brut (PIB) ne cesse de varier, selon qu’on a affaire à la cour des comptes, au cabinet Mazars et au FMI. Ce qui laisse penser à une méthode de calcul différente et qui affaiblit de plus en plus l’exercice de crédibilité de cet audit. De même qu’on peut faire le constat que la sémantique côté FMI, a évolué.
Il est en tout cas bien triste qu’on en arrive là puisqu’au finish, ce seront toujours les populations qui vont trinquer. Déjà que l’économie est presque à l’arrêt et qu’un plan de redressement économique et social, est à l’œuvre avec les conséquences que l’on sait. L’on entrevoit avec l’évolution du dossier, d’autres répercussions au plan social, si l’on en croit les prévisions bien pessimistes des économistes et autres spécialistes qui prédisent un ajustement structurel et la suppressions de certaines subventions.
Selon en tout cas de nombreux experts, il sera difficile pour le Sénégal de faire face à cette dette. De telles informations sont corroborées par les dernières informations de Reuters, si on en croit le journal "Enquête" qui revient sur la révision des projections relatives au service de la dette du Sénégal. Selon en effet l’agence internationale, le montant total des remboursements du principal et des intérêts pour 2026 a été estimé à 5490 milliards de francs CFA dans le document révisé, soit une augmentation de plus de 11 % par rapport aux projections de juin.
Pour 2027, le montant total du service de la dette a bondi de près d'un tiers pour atteindre 4410 milliards de francs CFA, tandis que pour 2028, le total a grimpé de près de 50 % pour atteindre 4970 milliards de francs CFA, informe Reuters.
À en croire la note de l’agence qui cite un porte-parole du FMI, le document révisé a été publié avant la prochaine mission du FMI au Sénégal, prévue du 22 octobre au 4 novembre. La source souligne que la raison pour laquelle le gouvernement a revu ses chiffres à la hausse n'était pas immédiatement claire. Selon la source, le ministère des Finances a publié le document budgétaire actualisé lors des assemblées annuelles du FMI et de la Banque mondiale à Washington. À noter que récemment, Bloomberg a informé que la dette du Sénégal a été réévaluée à 132 % à la fin de 2024.
Le chroniqueur Ibou Fall a résumé l'affaire dite de la dette cachée, à sa façon. Il ne souhaite entendre qu'une chose, à savoir "qu'on a emprunté de l'argent et qu'on l'a volé", estimant qu'il "n'a pas entendu parler de malversations, mais d'une dette qui a été transférée par ci, par là", tout en précisant que jusqu'à présent "les dettes sont payées".
Pour le chroniqueur, le FMI entre deux régimes, a un langage diplomatique puisqu'il a collaboré avec un régime pendant 12 ans, et maintenant il est en face d'un régime qui veut travailler avec lui, mais qui a un langage différent. Pour Fall, ce débat est inutile puisque tant que la dette est payée, c'est parce qu'elle existe, se demandant à qui la cache-t-on donc, étant entendu que "c'est une dette pas cachée à ses créanciers". "Une dette cachée, estime-t-il, c'est une dette qu'on cache et qu'on ne paie pas", ajoutant qu' "il y a un service de la dette qui honore chaque année, ses engagements non ?
Au finish dans cette affaire de dette dite cachée, si certains observateurs en phase avec Ousmane Sonko, ont salué un exercice de vérité et de transparence qui, selon eux, cadre avec la gouvernance de rupture prôné, d’autres par contre ont qualifié cette posture d’inédite, soulignant que des pays comme la Grèce et la Mozambique se sont faits prendre et ne se sont pas dénoncés. Une attitude qualifiée de naïve qu’ils attribuent à un manque d’expérience ; pour d'a.
L’avocat Me Djiby Diallo expliquant ce que recouvre la notion de « dette cachée » du point de vue juridique et politique, s’est d’ailleurs demandé « si nous sommes obligés de révéler au monde extérieur nos créances ou nos dettes, notre ingéniosité, nos secrets d’État » ? La souveraineté, selon lui, « est la liberté pour un pays de pouvoir cacher à des États étrangers et aux instances internationales ses choix politiques et économiques internes et stratégiques. Admettre le concept de dettes cachées remet en cause, à son avis, la suprématie et la souveraineté du Sénégal dans le financement de son développement. Le Sénégal, estime-t-il, a le droit de se taire sur sa dette intérieure et ne devrait rendre compte que lorsqu’il se retrouve dans l’incapacité d’honorer ses engagements internationaux, à l’exclusion de ses engagements stratégiques. souverains et nationaux. »