NETTALI.COM - C'est la polémique du week-end. Prenant part à une manifestation samedi à Dakar, l'ancien ministre Pape Malick Ndour a lancé un appel pour un changement de régime et l'installation d'un gouvernement de transition. Suffisant pour que le Pastef se déchaine contre lui. Certains demandent au procureur de la République de s'autosaisir face à ce qu'ils qualifient d'appel à l'insurrection. 

"On fait un appel à l'ensemble des forces sociales et politiques pour créer une force capable d'arrêter la souffrance des Sénégalais et renvoyer ceux qui sont actuellement au pouvoir. Ainsi, on pourra créer un gouvernement de transition et inviter le président Macky Sall à venir terminer le mandat et aller aux élections."

Propos tenus par Pape Malick Ndour. L'ancien ministre de la Jeunesse s'exprimait au cours d'une manifestation ce week-end à Dakar. Et il n'en fallait pas plus pour créer une nouvelle polémique, notamment sur les réseaux sociaux où des responsables de Pastef demandent clairement des poursuites contre ce membre de l'Alliance pour la République (APR).

"Nous condamnons les propos extrêmement graves de Pape Malick Ndour, responsable des cadres de l'APR, qui appelle publiquement à un coup d'État. Après avoir piteusement échoué à reporter l'élection présidentielle de 2024, les trublions de l'APR rêvent désormais de renverser l'ordre constitutionnel républicain. De plus en plus, l'exercice du droit de s'opposer d'une minorité bruyante et brouillonne sert de prétexte à la remise en cause éhontée des fondements de notre démocratie au mépris de la volonté populaire et du suffrage universel", écrit Mouhamed Ayib Daffé. Le président du groupe parlementaire Pastef poursuit: "Ces dérives antidémocratiques et antipopulaires et leurs promoteurs doivent être dénoncés et combattus avec la plus grande énergie par les démocrates de tous bords." Ministre de la Culture, du Tourisme et de l'Artisanat, Amadou Ba ne dit pas autre chose. Dans un post titré "Appel à renverser le Gouvernement : la goutte d’eau de trop", il écrit : "L’ancien ministre Papa Malick Ndour déclare publiquement qu’il faut unir les forces sociales pour renverser le Gouvernement actuel et installer un gouvernement de transition dirigée par Macky Sall pour finir le mandat. Pour pareille déclaration voire beaucoup moins que ça, nous étions poursuivis pour atteinte à la sûreté de l’Etat et appel à l’insurrection. C’est une insulte au suffrage universel et au peuple sénégalais à qui il dénie toute conscience, légitimité et responsabilité. Il est plus que normal de vous laisser marcher, revendiquer et réclamer. Mais la liberté d’expression est un principe sacré, mais «ENCADRÉ» par la constitution qui lui a fixé des limites."

Sans doute conscient de l'ampleur prise par la polémique, Pape Malick Ndour revient à la charge et répond à Amadou Ba. Et c'est pour souligner : "Je suis un homme d’élégance et de principes. Jamais je ne m’abaisserai à des interprétations malveillantes pour salir un adversaire politique ou instrumentaliser la justice. Que les choses soient claires : je n’ai appelé ni à un renversement du gouvernement par la force ni à un coup d’État. Tout le monde peut regarder la vidéo. Aujourd’hui, je refuse la diffamation et la manipulation. Dès lundi, mes avocats déposeront une plainte contre toi, Monsieur le Ministre, ainsi que contre le président du groupe parlementaire de Pastef qui m'accuse d'avoir appelé à un coup d'Etat." Suffisant pour que Abass Fall entre dans la danse. "La dignité, c’est aussi de répondre fermement, mais sans haine. Le combat continue... La dignité, c’est aussi d’assumer ses propos quelles que soient les circonstances. Le courage ce n’est pas de la vanité. L’orgueil aussi est un pauvre palliatif de l’intelligence. Ces gens de l’APR et leurs nouveaux suppôts manquent de tout: ils manquent de courage et d’humanité. Ils sont adeptes de la perfidie, de la haine et de la manipulation. Ils incarnent toutes les contre-valeurs. Se rétracter par une contre-attaque n’est pas la bonne méthode. Il faut juste reconnaître que ta langue a dérapé devant une petite foule de rien du tout. Rappelle toi que tu avais menacé d’aller prendre la femme d’autrui après son élimination devant une foule factice", lance le maire Pastef de Dakar. Et Waly Diouf Bodian de conclure la polémique : "Les délinquants, on les coffre et on passe à autre chose."