NETTALI.COM - Réagissant au retour de parquet de M. Aliou Sall et de son épouse, leur avocat Me El Hadji Diouf, a fait le commentaire suivant :
"Le couple Sall (M. Aliou Sall et son épouse) a offert de cautionner la somme de 240 millions de francs pour obtenir sa liberté. Ce couple n'a rien volé. Ce couple possède une société immobilière qui a fait des transactions claires, limpides, légales, normales. C'est pourquoi quand on demande à ce couple, l'origine de quelques sommes : de 150 millions, de 70 millions et de 20 millions, le total fait 240 millions, Aliou Sall a remis les justificatifs. Il a montré toutes ses opérations, des opérations avec la banque, avec des partenaires, avec des amis, pour monter un projet immobilier. Il n y a rien d'illégal dans ce qu'a fait Aliou Sall. Mais malgré tout, et pour obtenir sa liberté et celle de son épouse, M. Aliou Sall a aujourd'hui sorti en espèces, 240 millions comme caution à déposer à la caisse des dépôts et consignations, mais monsieur le procureur est arrivé très tard après la prière, nous nous sommes là depuis ce matin et le procureur a dit que bon, il n' a pas le temps de s'occuper de ça, de la demande faite par Aliou Sall, demande de caution auprès de la CDC. C'est vrai, c'est dur, c'est douloureux, et le juge d'instruction n'était pas tenu de communiquer la demande au procureur, mais par courtoisie judiciaire, le président du pool du collège des juges d'instruction du pool judiciaire financier, a entendu associer monsieur le procureur à sa prise de décision, bien qu'il ne soit pas tenu de suivre l'avis du procureur. Mais je crois c'est dans un cadre de courtoisie judiciaire seulement, mais la loi ne le prévoit pas. La loi ne prévoit pas la communication de la demande de l'offre de consignation de cautionnement à monsieur le procureur. C'est pas prévu par la loi, mais le juge veut associer le procureur à sa prise de décision. Et comme vous le savez, le juge il est souverain, le juge, il a l'impérium, le juge c'est lui qui décide et lundi inchallah rabi, le procureur a promis de retourner le dossier au président du collège des juges d'instruction qui va décider par rapport à notre offre, qui va nous remettre une ordonnance qu'on va présenter à la caisse, on va compter les sous et revenir au pool judiciaire financier avec la quittance, avec le reçu de paiement et immédiatement nos clients, Aliou Sall et son épouse seront libérés. C'est ça la loi. Mais nous pensons sincèrement qu'ils auraient du rentrer aujourd'hui. Ce week-end là pour nous est une souffrance, une douleur de plus, une humiliation de plus. On aurait pu les libérer et les convoquer le lundi matin puisqu'aucun acte d'instruction n'a été posé. mais comme ils veulent retarder le triomphal..."
Pour rappel, Aliou Sall, l’ex-directeur de la Caisse des dépôts et consignations (CDC) est placé en garde à vue dans une affaire présumée de blanchiment de capitaux. Accusations qu'il conteste fermement.
Selon en effet les premiers éléments, l’affaire trouve son origine dans la vente d’un terrain par une Société civile immobilière (SCI) créée par Aliou Sall après son départ de la CDC. Associé à la société Sertem de Léopold Ngom pour un projet immobilier, le promoteur aurait obtenu un financement bancaire avant que le projet ne soit abandonné. Le terrain a ensuite été vendu au commerçant Lahat Dieng pour 150 millions FCFA, somme ayant transité par le compte de la SCI, géré par l’épouse de l’ancien maire.
Lors de son audition, Aliou Sall a reconnu la transaction, tout en affirmant qu’elle s’était déroulée dans le strict respect de la légalité, devant notaire et avec toutes les pièces justificatives nécessaires.
Cette procédure intervient dans un contexte de durcissement du contrôle financier par les autorités actuelles, qui affirment vouloir lutter contre la corruption et les malversations économiques. Mais pour une partie de l’opinion, cette affaire illustre aussi une judiciarisation croissante des affaires impliquant d'anciens proches du pouvoir. Après les dossiers visant Madiambal Diagne, Abdoulaye Daouda Diallo ou d’autres figures du camp Macky Sall, certains y voient une poussée politico-judiciaire, voire une épuration sélective.
Si le parquet financier affirme se baser sur un rapport de la CENTIF, les défenseurs d’Aliou Sall dénoncent des accusations disproportionnées autour d’une simple vente immobilière. L’ancien maire de Guédiawaye, assisté de Me El Hadji Diouf et Me Ousmane Thiam, pourrait être présenté au doyen des juges Idrissa Diarra, ce qui ouvrirait la voie à une éventuelle inculpation.
Quoi qu’il en soit, ce dossier cristallise une fois de plus la tension entre volonté de transparence et risque d’instrumentalisation politique dans la gouvernance du Sénégal post-Macky Sall.