NETTALI.COM - Le Président Bassirou Diomaye Faye n'exclut pas des poursuites contre son prédécesseur s'il est établi qu'il porte la responsabilité du maquillage des chiffres de l'économie nationale. Le successeur de Macky Sall l'a dit ce vendredi au cours d'un entretien avec France 24. 

La falsification des finances publiques était au cœur de l'entretien que Bassirou Diomaye Faye a accordé, ce vendredi, à la chaine de télévision française France 24. Le chef de l'Etat commence d'abord par rappeler : "En 2018, de ma main, j'ai écrit une lettre qui a été portée par notre député, le seul que nous avions à l'Assemblée nationale, l'actuel Premier ministre Ousmane Sonko. La lettre a été remise au Fonds monétaire international (FMI) alertant sur des dépassements sur les ressources extérieures. A l'époque, le montant  n'était que 236 milliards de francs. Non seulement le Fmi ne nous avait pas répondu, mais il n'avait pas fait les diligences nécessaires pour mettre un garrot sur cette pratique. Six ans après, par le sort du hasard, je deviens président de la République. Et c'est moi qui ai demandé qu'on applique la loi portant transparence dans le secteur des finances publiques, c'est-à-dire réaliser l'audit comme l'impose la loi et à faire deux audits additionnels que nous avons commandités auprès d'un cabinet privé avec une signature internationale." Et d'insister : "Tout ce qui nous revenait, nous l'avons fait non pas pour le FMI, mais pour la crédibilité des dirigeants que nous sommes vis-à-vis de notre peuple et pour la crédibilité du Sénégal vis-à-vis de ses partenaires."

Toutefois, Bassirou Diomaye Faye se veut clair. Selon lui, le FMI est libre de faire les démarches additionnelles qui le rassure par rapport aux données sur la base desquelles il veut travailler. "Nous comptons rester sur notre trajectoire. Mais nous souhaitons que le FMI presse un peu le pas pour que nous sachions sur quel pied danser et que les partenaires qui attendent son signal sachent à quoi s'en tenir", dit-il. A l'en croire, les audits en cours ne révèleront pas pire ce que son gouvernement sait déjà, c'est-à-dire 13 % de déficit et près de 119% de dette. "Nous voulons corriger et empêcher que cela se reproduise dans l'avenir", a martelé le président de la République.

Quid alors d'éventuelles poursuites contre Macky Sall? Répondant à ceux qui avancent l'argument de la paix pour déconseiller des poursuites contre l'ancien chef de l'Etat, Bassirou Diomaye Faye souligne: "Il faut convenir que l'ordre public et la paix civile reposent sur une justice équitablement distribuée." Avant d'expliquer : "Je fais toujours la différence entre se faire justice et rendre la justice. Rendre la justice suppose respecter la présomption d'innocence de tout individu, respecter ses droits à une défense libre et lui assurer un procès juste et équitable. Et c'est ce à quoi nous en tenons au Sénégal." Mais, insiste-t-il, "quel que soit le citoyen qui est concerné, ce sont les règles de procédure et le droit sénégalais qui va s'appliquer. Il ne peut y avoir de présomption de culpabilité sur personne". "Chacun est libre d'exprimer ses opinions. Mais quand la Justice, quel que soit le cas, va se prononcer, elle va le faire de façon sereine sur la base de preuves matérielles qui auront été versées devant un juge indépendant et libre qui va juger selon son intime conviction", rassure le chef de l'Etat.