NETTALI.COM - En cette veille de la réunion des chefs d’État dans le cadre de la 80e session de l’Assemblée générale des Nations unies, la Grande-Bretagne, le Canada et l’Australie ont donné le ton, en reconnaissant l’État palestinien, pour s’indigner face à l’horreur perpétrée par l’État hébreu à Gaza.
“710 jours d’horreur absolue. 65 000 Palestiniens tués, dont 75 % sont des femmes et des enfants…” Cette déclaration est de la rapporteuse spéciale de l’Organisation des Nations unies Francesca Albanese. Le bilan pourrait être particulièrement lourd si l’on en croit la rapporteuse spéciale.
Se référant à des études réalisées par des chercheurs et scientifiques rigoureux, elle déclare : “Nous réfléchissons aussi sur le chiffre de 680 000 avancé par des chercheurs. À ce stade, nous ne pouvons ni confirmer ni infirmer, d’autant plus que les enquêteurs sont interdits d’accès à Gaza. Si ce chiffre est confirmé, 380 000 d’entre eux sont des nourrissons de moins de 5 ans.”
Les chiffres de l’horreur
Les journalistes n’ont pas été épargnés. Selon certaines sources, il y aurait au minimum 273 journalistes tués depuis le début du massacre.
Récemment, le directeur général de RSF Thibaut Bruttin condamnait ces crimes et lançait l’alerte : “Au rythme où les journalistes sont tués à Gaza par l’armée israélienne, il n’y aura bientôt plus personne pour vous informer.”
Face à ce massacre inédit, ils sont de plus en plus nombreux, les États – même parmi les plus grands alliés d’Israël – à sortir de leur mutisme. Hier, trois pays – et pas des moindres – ont officiellement reconnu l’État de Palestine, rejoignant ainsi environ 140 autres nations. Il s’agit de la Grande-Bretagne, du Canada et de l’Australie.
Une décision motivée par la détérioration de la situation à Gaza et le sentiment croissant que la solution à deux États est menacée. “Aujourd’hui, pour raviver l’espoir de paix pour les Palestiniens et les Israéliens, et d’une solution à deux États, le Royaume-Uni reconnaît officiellement l’État de Palestine”, a déclaré le premier ministre Keir Starmer.
Londres, Ottawa et Canberra emboîtent le pas à l’Espagne
Selon les propos du dirigeant britannique rapportés par Reuters, la crise humanitaire provoquée par l’offensive israélienne à Gaza a atteint de nouveaux sommets. “Les bombardements incessants et croissants du gouvernement israélien sur Gaza, l’offensive de ces dernières semaines, la famine et la dévastation sont tout à fait intolérables.”
Même ton chez son homologue canadien Mark Carney, qui estime lui aussi que cette reconnaissance donnerait plus de poids à ceux qui recherchent la coexistence pacifique et la fin du Hamas. “Cette décision ne légitime en aucun cas le terrorisme et ne le récompense pas non plus”, a-t-il ajouté.
Pour sa part, la France a annoncé son intention de reconnaître l’État de Palestine lors de l’Assemblée générale des Nations unies. Idem pour la Belgique, le Luxembourg et Malte, qui rejoignent eux aussi un mouvement diplomatique sans précédent en faveur de la reconnaissance de l’État palestinien.
La France, la Belgique et Malte promettent de reconnaître la Palestine
Tout en saluant ces progrès, Ayoba regrette : “Mise à part l’Espagne, qui a été le premier État occidental à donner le ton, tous les autres ont laissé à Israël le temps de commettre ses massacres et de perpétrer son génocide.”
Selon lui, ces dernières réactions sont influencées par la pression de l’opinion publique internationale qui, par centaines de milliers, exprime chaque semaine son indignation en Europe, en Amérique et en Asie.
S’y ajoute le travail d’organisations comme Amnesty International, B’Tselem et Physicians for Human Rights (deux organisations israéliennes de défense des droits humains) qui ont documenté et confirmé le génocide.
“Plus récemment, la semaine dernière, une Commission d’enquête de l’ONU a constaté le massacre”, renchérit le journaliste qui, malgré tout, reste peu optimiste : “Même si je pense que ces actions peuvent être le début d’une pression politique sur Israël, je pense qu’elles seront insuffisantes tant que les puissances nucléaires ne constitueront pas une force pour dissuader Netanyahu, qui continue de menacer les États reconnaissant la Palestine.”
Avant cette vague massive de reconnaissance, l’Islande a été l’un des premiers pays occidentaux à reconnaître l’État de Palestine en 2011.
Depuis le début du massacre, d’autres pays comme l’Espagne, l’Irlande et la Slovénie ont emboîté le pas de la manière la plus ferme pour dire stop à la barbarie israélienne.
Netanyahu menace et défie l’ordre international
Le Premier ministre israélien n’est pas insensible à cette dynamique mondiale. Réagissant aux actes posés par la Grande-Bretagne, le Canada et l’Australie, il a décrété, comme s’il était le maître du monde, qu’il n’y aura pas d’État palestinien à côté d’Israël. Pour le moment, il n’est sûr de pouvoir compter que sur les États- Unis et Donald Trump, qui soutiennent toutes ses forfaitures.
Côté palestinien, l’on se félicite plutôt de cette vague de soutien. Le président Mahmoud Abbas, toujours selon Reuters, a déclaré que cette reconnaissance ouvrirait la voie à “l’État de Palestine pour vivre côte à côte avec l’État d’Israël dans la sécurité, la paix et le bon voisinage”.
Pour sa part, le Hamas s’est félicité de cette décision des pays, mais a déclaré qu’elle devait s’accompagner de “mesures pratiques” pour mettre fin à la guerre à Gaza et empêcher Israël d’annexer la Cisjordanie.
Outre les États-Unis qui bloquent systématiquement toute initiative allant dans le sens de la reconnaissance de l’État palestinien, Israël peut aussi compter sur l’hypocrisie ou l’inaction des autres puissances, dont la Chine et la Russie. C’est aussi la conviction d’Ayoba. “Les autres puissances nucléaires adoptent une posture opportuniste et hypocrite. Elles ont les moyens de mettre la pression nécessaire pour stopper Israël, mais les vies des enfants et civils palestiniens ne pèsent rien par rapport à leurs intérêts économiques”, fustige-t-il.