NETTALI.COM - Quatre ans après la prise du pouvoir par Mamadi Doumbouya, les Guinéens sont appelés aux urnes ce dimanche pour adopter une nouvelle Constitution ouvrant la voie à une présidentielle. L’opposition boycotte un scrutin jugé joué d’avance.
Quelque 6,7 millions d’électeurs, sur une population estimée à 14,5 millions d’habitants, votent ce dimanche de 08h à 18h (locales et GMT) pour ou contre le projet de nouvelle Constitution. Les résultats sont attendus à partir de mardi soir, selon la Direction générale des élections (DGE).
À Conakry, dans le quartier de Kaloum, plusieurs dizaines de jeunes électeurs ont fait la queue dès l’aube. Ahmad Diallo, 23 ans, étudiant, a confié après avoir glissé son bulletin dans l’urne : « Tout le monde veut la paix et que la transition se termine. » Même enthousiasme pour Aisha Camara, 20 ans, qui vote pour la première fois et dit soutenir « le président Doumbouya ».
Le centre-ville et ses abords étaient quadrillés par un imposant dispositif sécuritaire : blindés, barrages routiers, contrôles de véhicules. Pas moins de 45 000 agents des forces de défense et de sécurité, appuyés par un millier de véhicules et des hélicoptères de combat, ont été déployés.
Présenté comme une étape clé vers le retour à l’ordre constitutionnel, le projet de Constitution remplace la « Charte de la transition » adoptée en 2021, qui interdisait aux militaires de briguer un mandat électif. Ce verrou a disparu dans le nouveau texte, ouvrant la voie à une éventuelle candidature du général Doumbouya, 40 ans, arrivé au pouvoir après avoir renversé Alpha Condé.
La loi fixe l’âge des candidats entre 40 et 80 ans et impose la résidence principale en Guinée. Des conditions qui excluent de facto deux poids lourds de l’opposition : l’ancien président Alpha Condé (87 ans, exilé en Turquie) et l’ex-Premier ministre Cellou Dalein Diallo (73 ans, entre Dakar et Abidjan).
Face à ce qu’elle considère comme une « mascarade électorale », l’opposition appelle au boycott. Les partis critiques du régime, affaiblis par des suspensions, arrestations ou exils forcés, dénoncent des résultats « connus d’avance ». Depuis 2022, les manifestations sont interdites et toute voix dissidente est réprimée, selon les organisations de défense des droits humains.
La Guinée, suspendue de l’Union africaine depuis le coup d’État de 2021, est également écartée des sommets de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), qui suit de près l’évolution de la transition. Les autorités guinéennes ont promis des élections présidentielle et législatives avant la fin de l’année, mais sans en préciser la date.