NETTALI.COM - Alors que le Procureur du Pool judiciaire financier avait requis un mandat de dépôt contre lui, le juge d’instruction a choisi de placer Mbagnick Diop, président du Mouvement des entreprises du Sénégal (MDES), sous contrôle judiciaire. Une décision qui repose sur l’application de l’article 140 du Code de procédure pénale.

«A l’encontre des personnes poursuivies par application des articles 152 à 155 du Code pénal (infractions liées à des deniers publics : NDLR), le juge d’instruction délivre obligatoirement un mandat d’arrêt si l’inculpé est en fuite ( ou) un mandat de dépôt, lorsque le montant du manquant initial est égal ou supérieur à 1000 000 de francs et ne fait pas l’objet d’un remboursement ou du cautionnement de son intégralité ou d’une contestation sérieuse», dispose l’article 140 du Code de procédure pénale.

Donc selon ce texte, en cas de poursuites pour des  infractions liées aux deniers publics, le mandat de dépôt est obligatoire si le montant en cause dépasse un million de francs CFA et n’a pas été remboursé ou cautionné, sauf s’il existe une « contestation sérieuse ». C’est précisément ce point qu’a retenu le magistrat instructeur.

L’origine de l’affaire

Tout est parti d’un signalement de Tracfin, l’organisme français de lutte contre le blanchiment, transmis à la Centif (Cellule nationale de traitement des informations financières). En cause : un virement de 1,5 milliard de F CFA effectué par l’Agence judiciaire de l’État au cabinet français Lazareff. Dès réception des fonds, ce cabinet a reversé environ 700 millions de F CFA sur le compte de la société Promo Consulting, basée à Dakar.

La Centif a alors soupçonné l’existence de rétrocommissions et de détournements de fonds sous couvert de prestations fictives. Le parquet financier, sur cette base, a requis l'ouverture d'une information judiciaire et le mandat de dépôt.

Pour se défendre, Mbagnick Diop a présenté un contrat d’apporteur d’affaires conclu avec le cabinet Lazareff. Ce contrat prévoit des honoraires de 20 % du montant de chaque contrat « facilité » par Promo Consulting. Le juge a estimé que ces éléments constituaient une contestation sérieuse, justifiant son placement sous le régime de la liberté provisoire.

Le nom du cabinet Lazareff apparaît également dans une autre enquête du parquet financier et de la Centif. Cette fois, il s’agit de paiements d’un montant total de 6,36 milliards de F CFA effectués par l’État entre avril 2018 et le 2 avril 2024, soit à la veille de l’investiture du président Bassirou Diomaye Faye.

L’affaire Mbagnick Diop, désormais sous contrôle judiciaire, reste donc au cœur des investigations du Pôle judiciaire financier.