NETTALI.COM - La Cellule nationale de traitement des informations financières (Centif) a publié son rapport d’activités 2024, un document de 54 pages qui met en exergue les progrès du dispositif national de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme (LBC/FT).

L’année écoulée restera marquée par la sortie du Sénégal de la liste grise du Groupe d’action financière (Gafi), le 25 octobre 2024, après près de trois ans de surveillance renforcée.

Plus de 900 opérations suspectes signalées

En 2024, la Centif a enregistré 928 déclarations d’opérations suspectes (DOS), contre 807 en 2023, soit une hausse de 15 %. Les banques et établissements financiers concentrent l’essentiel des signalements (83 %).
Autre indicateur en forte progression : les déclarations de transactions en espèces (DTE), obligatoires pour tout mouvement supérieur à 15 millions de FCFA. Elles sont passées de 17 millions en 2023 à 42,7 millions en 2024, soit une hausse de 151 %.

Fraude, corruption et nouvelles typologies

La fraude reste l’infraction la plus détectée (60 % des cas), suivie par la corruption, les infractions fiscales et les violations à la réglementation des changes. À l’inverse, les cas de faux et usage de faux ou de contrebande ont reculé.
Le rapport met aussi en lumière de nouvelles méthodes de blanchiment, parmi lesquelles : l’escroquerie sur les deniers publics via des sociétés écrans et prête-noms, l’exploitation des plateformes de jeux en ligne, la manipulation de contrats d’assurance-vie, des transferts occultes dans le secteur extractif, ainsi qu’un recours croissant aux cryptomonnaies.

Plus de dossiers transmis à la Justice

En 2024, la Centif a transmis 46 dossiers au Procureur du Pool judiciaire financier (PJF), en hausse par rapport à l’année précédente. Les classements sans suite, eux, ont reculé de 36 %, signe, selon l’institution, « d’une meilleure qualité des analyses ».

Pour rappel, le Sénégal figurait depuis janvier 2021 sur la liste des juridictions sous surveillance du Gafi, avec un plan de 49 mesures correctives à mettre en œuvre. « L’atteinte de ces résultats est le fruit d’une synergie entre les acteurs nationaux et les partenaires internationaux », a souligné le président de la Centif, Cheikh Mouhamadou Bamba Siby, dans l’avant-propos du rapport.