NETTALI.COM - À la suite du réaménagement ministériel annoncé par le président de la République sur proposition du Premier ministre, le leader du mouvement AGIR-Les Leaders, Thierno Bocoum a réagi en saluant l’arrivée des nouveaux ministres, tout en regrettant l’absence de signaux de sobriété et en dénonçant des choix qu’il juge dangereux pour la démocratie et l’État de droit.
Entre félicitations de courtoisie et critiques acerbes, Thierno Bocoum n’a pas manqué de pointer les zones d’ombre du remaniement gouvernemental.
Dans une déclaration rendue publique, l’ancien député a soulevé des inquiétudes majeures sur la gouvernance, la justice et la neutralité de l’État, estimant que le nouveau visage de l’exécutif risque de fragiliser davantage la démocratie sénégalaise.
Tout en « félicitant et encourageant les nouveaux ministres », Thierno Bocoum a rappelé que le régime a le droit de s’autoévaluer et de réaménager son équipe autant de fois qu’il le juge nécessaire. Mais pour lui, ce changement n’aura de valeur que s’il produit des résultats tangibles au bénéfice des Sénégalais.
L’opposant regrette toutefois que ce remaniement n’ait pas été l’occasion de réduire le nombre de ministères. Selon lui, le gouvernement aurait dû envoyer un « signal fort de sacrifice et de sobriété », surtout dans un contexte où l’on demande aux populations de consentir à toujours plus de charges. Or, déplore-t-il, « c’est encore une fois le fonctionnement de l’État qui est priorisé au détriment du quotidien des Sénégalais ».
La démission du ministre Abass Fall qui a choisi de rester à la tête de la mairie de Dakar, suscite également son interrogation. Cette décision intervient à quelques jours du verdict de la Cour suprême sur l’acte du préfet visant le maire Barthélémy Dias.
Pour Bocoum, anticiper ainsi une démission équivaut à envoyer un signal équivoque et à exercer, de manière voilée, une pression sur la justice.
Plus critique encore, il estime que le départ du ministre de la Justice, Ousmane Diagne, « ne peut passer sous silence ». Selon lui, sa révocation, sur fond de pressions publiques, traduit une volonté de « faire sauter le verrou » d’une justice déjà fragilisée pour la mettre au service « des intérêts partisans du Premier ministre et de ses militants ».
Bocoum rappelle d’ailleurs que ce dernier avait publiquement regretté qu’il n’y ait pas eu davantage d’incarcérations de journalistes, chroniqueurs et citoyens, une orientation qu’il juge « intolérable ».
Le nouveau visage du ministère de l’Intérieur n’échappe pas à ses critiques. Si Bocoum reconnaît le mérite de Maître Bamba Cissé, il dénonce un choix « aux antipodes des combats menés jusque-là » pour sanctuariser ce portefeuille régalien. « En choisissant son propre avocat pour occuper ce ministère, le Premier ministre donne le sentiment de vouloir garder la main sur l’organisation des élections et sur la politique de répression », s’alarme-t-il.
Pour lui, le ministère de l’Intérieur, garant des libertés publiques, ne peut souffrir d’une telle partialité manifeste.
En définitive, Thierno Bocoum considère que ce réaménagement, loin d’ouvrir une nouvelle ère de gouvernance responsable, fait planer « le doute sur un agenda politique dangereux pour la démocratie, pour l’État de droit et pour la liberté des Sénégalais ».






