NETTALI.COM - L’annonce de l’enlèvement de six chauffeurs routiers sénégalais dans l’Ouest du Mali, attribué à des jihadistes présumés, a provoqué une cacophonie embarrassante au sommet de l’État sénégalais. Entre le communiqué prudent du ministère de l’Intégration africaine et des Affaires étrangères et la confirmation sans détour du porte-parole du gouvernement, Moustapha Njekk Sarré, la divergence de ton interroge sur la gestion de la communication officielle dans un dossier aussi sensible.
Deux discours contradictoires. Le ministère des Affaires étrangères dopte une ligne de prudence, affirmant qu’« aucun élément vérifiable ne permet de confirmer l’enlèvement signalé » ni « d’établir avec certitude l’identité des personnes concernées ». Elle promet de rester en concertation avec les autorités maliennes via l’ambassade du Sénégal à Bamako et nnonce qu’une communication officielle interviendra lorsque des informations fiables seront disponibles.
Quant au porte-parole du gouvernement, il déclare à l’AFP que l’enlèvement est bel et bien confirmé et va ainsi à l’encontre de la réserve diplomatique affichée par le ministère.
Les risques d’une telle dissonance est que la crédibilité institutionnelle est fragilisée. L’opinion publique et les familles des victimes reçoivent deux versions officielles divergentes. Cela alimente confusion et méfiance. Cela brouille le signal à l’international. Face à un partenaire comme le Mali, déjà sensible aux questions sécuritaires, le manque de cohérence peut nuire à la coordination bilatérale. L’opposition pourrait dénoncer un manque de sérieux dans la gestion d’un dossier qui touche à la sécurité nationale et à la protection des citoyens à l’étranger. Et ces contradictions aggravent l’angoisse des proches des chauffeurs disparus, qui attendent clarté et empathie.
Le contexte régional rend l’affaire encore plus délicate. Le Sahel est une zone où les groupes armés imposent leur loi, et le Mali reste marqué par une fragilité sécuritaire persistante. La position du Sénégal, qui compte de nombreux transporteurs opérant dans la sous-région, est donc particulièrement vulnérable.
La communication officielle aurait dû, idéalement, se limiter à une position unifiée et mesurée : exprimer la préoccupation, confirmer une enquête en cours, et promettre d’informer dès que les faits sont établis.






