NETTALI.COM - Un an après avoir annoncé en grande pompe une enveloppe de 800 millions de francs CFA pour renforcer les structures médicales de Touba en marge du Grand Magal, le ministre de la Santé, Ibrahima Sy, revient sur ses pas. En visite ce week-end dans la ville sainte, il a tenté de justifier ce manquement par des « contraintes budgétaires majeures », alors que les syndicats, eux, affirment n’avoir jamais vu la couleur de cet argent.
Face aux critiques persistantes, le ministre s’est montré direct : « L’année dernière, le gouvernement avait pris l’engagement de mettre à disposition une caisse d’avance de 800 millions. Mais nous avons été confrontés à une grande tension de trésorerie », a-t-il reconnu.
En clair, le ministère de la Santé aurait subi une coupe budgétaire de 6 milliards de francs CFA, réaffectés à trois urgences nationales : la gestion des inondations, le paiement des agents contractuels de santé, et la relance de la radiothérapie, laissée en jachère depuis plusieurs mois.
Un engagement non tenu... mais des dépenses ailleurs
Pour calmer les esprits, Ibrahima Sy a tenté de contrebalancer l’absence de ce financement spécifique en mettant en avant d’autres dépenses réalisées par l’État. À l’en croire, plus de 1,5 milliard de francs CFA ont été injectés dans le secteur : 450 millions pour la maintenance des équipements médicaux, 500 millions pour la mise à jour de l’accélérateur de radiothérapie, près d’un milliard de francs pour l’hôpital Khadim Rassoul, et 150 millions répartis entre l’hôpital Ndamatou, le district sanitaire et Khadim Rassoul.
« Ce sont des investissements durables. Ces équipements vont être utilisés sur plusieurs années et pourront même générer des recettes supérieures aux 800 millions initialement prévus », a-t-il soutenu.
Des explications jugées insuffisantes par plusieurs acteurs du secteur, qui réclament plus de transparence et des preuves tangibles de ces prétendus investissements. Certains syndicats évoquent même un manque de communication et de planification, qui fragilise les préparatifs sanitaires du Magal, un événement qui mobilise des millions de personnes chaque année.
Alors que le compte à rebours est lancé pour l’édition 2025, les doutes demeurent. Ce nouveau couac remet sur la table la problématique chronique de la gestion budgétaire dans la santé publique, entre annonces fracassantes et réalités opaques.
À Touba, comme ailleurs, la question reste entière : les promesses ministérielles sont-elles vraiment suivies d’effet ?