NETTALI.COM - À l’issue du Conseil des ministres tenu ce mercredi 30 juillet 2025, le gouvernement sénégalais a franchi un nouveau cap dans sa politique de moralisation de la vie publique. Deux projets de loi majeurs ont été adoptés : le premier porte création de l’Office national de lutte contre la corruption (ONLC), et le second encadre l’obligation de déclaration de patrimoine pour les agents publics.

Ces deux textes font partie des engagements clés du président Bassirou Diomaye Faye et de son Premier ministre Ousmane Sonko, qui ont fait de la gouvernance vertueuse l’un des piliers de leur mandat. En initiant un cadre législatif plus rigoureux, le gouvernement entend restaurer la confiance des citoyens dans les institutions et mettre fin à des décennies de scandales financiers restés impunis.

L’Office national de lutte contre la corruption, dont la création a été actée par projet de loi, se veut une structure indépendante, dotée de prérogatives d’enquête, de contrôle et de saisine de la justice. Il succède à l’OFNAC (Office national de lutte contre la fraude et la corruption), dirigé par l'ancien Procureur de Dakar, Serigne Bassirou Guèye, et critiqué ces dernières années pour son manque d’efficacité et son assujettissement au pouvoir exécutif.

L’ONLC sera chargé de recevoir les signalements de corruption, de mener des investigations administratives, de produire des rapports publics, et d’orienter les dossiers vers le parquet en cas d’infractions établies. Son indépendance fonctionnelle sera garantie par un mode de désignation collégial de ses membres, ainsi que par une autonomie budgétaire.

Déclaration de patrimoine : une nouvelle ère de transparence

Le second texte adopté impose à certaines catégories d’agents publics – notamment les ministres, députés, magistrats, directeurs généraux et maires – de déclarer leur patrimoine à l’entrée et à la sortie de leurs fonctions. Cette déclaration devra inclure non seulement les biens immobiliers et mobiliers, mais aussi les actifs financiers détenus au Sénégal ou à l’étranger.

Des sanctions sont prévues pour les contrevenants, pouvant aller de l’interdiction d’exercer une fonction publique jusqu’à des peines pénales en cas de fausse déclaration.

Ces mesures font écho aux demandes persistantes de la société civile sénégalaise, qui appelle depuis des années à une réforme en profondeur des instruments de lutte contre l’enrichissement illicite. Des organisations comme le Forum civil ou la Plateforme des acteurs non étatiques saluent cette dynamique, tout en restant prudentes.

Ces projets de loi doivent encore être examinés et adoptés par l’Assemblée nationale. Si l’exécutif conserve une majorité, plusieurs observateurs anticipent une bataille parlementaire sur les modalités précises d’application, notamment sur l’accessibilité des déclarations de patrimoine au public et les pouvoirs d’investigation de l’ONLC.

Une chose est sûre : l’attente citoyenne est immense, et le gouvernement est désormais attendu au tournant. La promesse d’une gouvernance de rupture ne se jouera pas seulement sur les textes, mais sur leur application rigoureuse et impartiale.