NETTALI.COM - Alors que le mouvement d’humeur des greffiers paralyse partiellement la justice depuis plus d’un mois, le Médiateur de la République, Demba Kandji, a révélé l’existence d’une tentative de conciliation menée loin des projecteurs.
Depuis le 18 juin 2025, les greffiers affiliés au Syndicat des travailleurs de la justice (SYTJUST) et à l’Union nationale des travailleurs de la justice (UNTJ) ont engagé un mouvement de grève qui perturbe le fonctionnement des juridictions sénégalaises. En toile de fond : des revendications anciennes autour du reclassement statutaire et de l’alignement hiérarchique des agents.
Alors que les discussions officielles piétinent, une initiative parallèle tente de dénouer la crise dans la discrétion. « Nous sommes derrière le Haut conseil du dialogue social, dans la discrétion, autant que nous le pouvons », a confié Demba Kandji, médiateur de la République, lundi à Dakar, en marge du 4ᵉ colloque international de l’ICAGI – Amadou Mahtar Mbow, sur le thème « Religions, droits humains et paix ».
Le SYTJUST et l’UNTJ réclament, entre autres, l’alignement des greffiers de la hiérarchie B2 vers la A2, ainsi que le reclassement des agents des hiérarchies B et C ayant atteint une certaine ancienneté. Ces revendications, selon les syndicalistes, figurent déjà dans des accords signés avec l’État en 2018, restés à ce jour non appliqués.
Face à la persistance du mouvement, le ministre de la Justice Ousmane Diagne a signé, mi-juillet, une circulaire de réquisition, demandant aux chefs de juridictions et de parquets de mobiliser le personnel indispensable pour assurer la continuité du service public de la justice. Une mesure qui, selon certaines sources judiciaires, n’a pas suffi à rétablir le fonctionnement normal des tribunaux.
Demba Kandji insiste sur l’importance de la voie médiane pour préserver l’État de droit : « L’État de droit renvoie à une justice indépendante, impartiale, crédible. Sans la justice, il est vain de parler d’État de droit », a-t-il déclaré.
À ses yeux, la médiation doit permettre de réconcilier des positions antagoniques, dans un climat social déjà sous tension. Tous les projets menés par la Médiature, souligne-t-il, tournent autour de la consolidation de l’État de droit au Sénégal et en Afrique.
Alors que la grève entre dans son deuxième mois, l’enjeu dépasse les simples revendications corporatistes. Il touche au bon fonctionnement de l’institution judiciaire, à la sécurité juridique des citoyens et à la capacité de l’État à tenir parole.
La médiation engagée par Demba Kandji pourrait bien être l’ultime chance d’éviter une cristallisation durable du conflit. Mais pour réussir, encore faudra-t-il que les différentes parties acceptent de sortir de la posture pour renouer le dialogue.