NETTALI.COM – Après plus de dix ans d’impunité, El Hadji Babacar Dioum, alias « Kocc Barma », redouté pour ses activités sur les sites pornographiques seneporno.com et babiporno.com, a été arrêté par la Division Spéciale de Lutte contre la Cybercriminalité (DSC). Une opération menée jeudi dernier, qui met fin à un système de chantage et d’humiliation à grande échelle, visant principalement des femmes sénégalaises.
C’est la plainte d’une adolescente de 16 ans, victime de menaces, de viol et de diffusion de vidéos à caractère sexuel, qui a permis de remonter jusqu’au cerveau du réseau. L’enquête, déclenchée en mai 2025, a révélé que son bourreau, surnommé « Mouha », n’était autre que Kocc lui-même.
Sous couvert de justicier des mœurs, Kocc a bâti un véritable empire numérique de l’humiliation : des centaines de vidéos volées ou obtenues sous contrainte, publiées à des fins de vengeance ou d’extorsion, souvent contre de jeunes femmes. Malgré les plaintes, il avait toujours échappé à la justice. Son arrestation marque la chute d’un prédateur numérique notoire, activement recherché depuis 2018.
Son interpellation a eu lieu à Liberté III, à Dakar, avec l’appui de la Brigade d’Intervention Polyvalente (BIP). Les enquêteurs ont saisi un arsenal numérique compromettant : ordinateurs, téléphones, serveurs, outils d’anonymat, ainsi que les accès complets aux sites pornographiques qu’il administrait.
Huit véhicules de luxe ont également été confisqués, ainsi que des flux financiers suspects suggérant un possible blanchiment d’argent.
L’arrestation de Kocc ne clôt pas l’affaire. Plusieurs complices potentiels sont dans le viseur de la DSC, dont le propriétaire présumé d’un restaurant fréquenté par le suspect. Sa femme devrait aussi être entendue. En attendant, les deux sites pornographiques sont bloqués par mesure conservatoire.
Cette affaire met en lumière l’urgence de renforcer la lutte contre la cybercriminalité sexuelle au Sénégal. La chute de « Kocc » constitue un tournant judiciaire majeur, salué par de nombreuses victimes, qui espèrent enfin justice après des années de silence et de traumatisme.