NETTALI.COM - Jeudi 17 juillet 2025, sous la présidence de Bassirou Diomaye Faye, le gouvernement sénégalais a signé, au Palais de la République, un nouveau contrat de Partenariat Public-Privé (PPP) avec la société saoudienne ACWA Power, en vue de la construction et de l’exploitation d’une usine de dessalement d’eau de mer sur la Grande Côte, près du Lac Rose. Un accord que Cheikh Tidiane Dièye, ministre de l’Hydraulique et de l’Assainissement, a qualifié d’« historique » lors de son intervention sur la RTS1.
Le projet, initialement signé en mars 2024, a été renégocié dans le cadre de l'engagement présidentiel visant à réviser tous les contrats jugés non conformes ou désavantageux pour le Sénégal. « Le premier contrat n’était pas conforme à la loi et au règlement », a affirmé le ministre. Le nouveau document respecte désormais toutes les procédures, avec les avis de non-objection de l’UNAPP et de la SMP, garantissant sa régularité juridique.
C’ est en effet l’épilogue dans la longue et délicate négociation entre la Société nationale des eaux du Sénégal (Sones) et l’entreprise saoudienne Acwa power. Des négociations qui ont eu lieu sous la supervision des plus hautes autorités des deux pays. La cérémonie de signature du contrat renégocié a eu lieu sous la présidence du président de la République Bassirou Diomaye Faye, du ministre en charge des Finances et de son homologue en charge de l’Économie, mais aussi du directeur général de la Sones qui est le bras armé technique de l’État dans le cadre de ce partenariat.
L’implication définitive des plus hautes autorités saoudiennes
A cette occasion, le président de la République a survolé le long processus qui a mené à ce résultat et dont l’une des étapes décisives a été la rencontre avec le Prince héritier Mohammed Ben Salmane. “Je tiens à remercier particulièrement le Prince héritier Mohammed Ben Salmane pour son engagement aux côtés d’Acwa power et de toutes les sociétés saoudiennes. Quand je me suis rendu au forum sur l’investissement à Ryad sur son invitation, il m’a accordé une audience et cela était l’occasion de discuter des perspectives de ce contrat…”
Pour le Président Faye, si le contrat initial a pu être remis en cause, c’est parce qu’il y avait des aspects qui n’étaient pas en conformité avec la loi sénégalaise. Il a cependant tenu à préciser qu’il n’avait rien à reprocher à la partie saoudienne. “Je l’avais fait savoir aux responsables d’Acwa power, dès notre première audience. C’est des manquements de notre côté, que nous cherchions à corriger. Et cela s’est passé avec votre accord”, a-t-il lancé face aux autorités saoudiennes présentes à la cérémonie.
L’objectif, selon lui, était de bâtir un partenariat mutuellement gagnant pour les deux pays. “Ce partenariat doit ouvrir des perspectives heureuses en termes de diversification et de renforcement de nos relations d’amitié et de coopération. Je suis sûr que d’autres signatures interviendront dans d’autres secteurs. Je suis aussi convaincu que l’Arabie Saoudite sera bien à l’aise pour faire du Sénégal son centre de déploiement pour aller à la conquête du continent africain”, a souhaité le chef de l’État.
“Il n’y a pas eu de contraintes, nous avons tout fait dans les discussions….”
Le Président Faye a salué un coup “formidable” qui n’aurait pu être réalisé sans l’adhésion de la partie saoudienne. C’est pour lui un exemple pour montrer au monde entier que le Sénégal respecte les droits des investisseurs. “Parce qu’il n’y a eu aucune contrainte. Tout a été fait dans les discussions, dans l’écoute attentive et dans le désir ardent de bâtir quelque chose de nouveau, de plus fort, et de plus solide”, se défend le chef de l’État, conscient que la tâche n’était pas évidente. “Ce n’était pas évident, dans la mesure où, nous avions déjà trouvé un contrat déjà signé et qui était en phase d’être parfait. Mais nous savons qu’avec la qualité et l’historique des relations entre nos deux pays, qui sont des relations fraternelles, conviviales et de grande qualité, nous ne pouvions qu’aboutir à un accord.”
Le Président Faye a profité de l’occasion pour informer que l’Arabie Saoudite sera l’invité d’honneur du Forum Invest in Senegal, prévu en Octobre prochain.
A noter que le projet, évalué à 459 milliards de FCFA, est entièrement financé par investissement direct étranger, sans impact sur le budget de l’État. Le coût du mètre cube d’eau dessalée baisse de 427 FCFA à 389 FCFA, grâce à la renégociation.
Le loyer annuel dû par l’État passe également de 20 à 17,5 milliards FCFA (2027-2029), puis de 40 à 35 milliards à partir de 2030.
Énergie : doublement de la puissance installée
La puissance de la centrale électrique dédiée passe de 150 à 300 MW, dont la moitié alimentera l’usine, et l’autre sera vendue à Senelec à 18 FCFA/kWh, un prix « parmi les plus bas du marché », selon le ministre.
Le Sénégal entre désormais dans le capital des entités opérationnelles :
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Sones sera actionnaire de la société de gestion de l’usine de dessalement,
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Senelec participera à celle chargée de la production d’énergie.
Ces participations seront financées par un prêt à taux concessionnel accordé par l’Arabie saoudite, sans peser sur les finances publiques.
Un institut de formation sera également créé pour développer les compétences locales.
Toutes les études d’impact environnemental et social seront menées conformément aux normes en vigueur. Le ministre a assuré qu’aucune hausse du prix de l’eau ne sera appliquée, malgré un arrêté interministériel hérité. Au contraire, le gouvernement ambitionne de faire baisser progressivement les tarifs de l’eau.
L’usine produira à terme 400 000 m³ d’eau par jour, en deux phases. À horizon 2040, les besoins dans la zone Dakar–Thiès–Mbour atteindront 1,8 million m³/jour, et plus de 3 millions en 2050. Ce projet s’intègre dans une stratégie nationale globale, incluant le transfert d’eau vers Touba, les Niayes et d’autres zones à forte demande.
La présence d’ACWA Power, un géant mondial du dessalement, est perçue comme un signe de confiance en l’avenir économique du Sénégal. « Ce partenaire parie sur ce que nous promettons de devenir : un pays stable, fort, économiquement en transformation », a conclu Cheikh Tidiane Dieye.