NETTALI.COM - Lors d’une intervention sur le plateau de la TFM, le 6 janvier 2025, Serigne Mbaye Thiam, ancien ministre de l’Eau et de l’Assainissement sous le régime de Macky Sall, s’est exprimé sur l’annulation du contrat liant l’État du Sénégal à ACWA POWER dans le cadre du projet d’usine de dessalement de la Grande Côte. Une décision qu’il juge peu judicieuse, au regard des besoins pressants du pays en eau potable.

Selon Serigne Mbaye Thiam, les 400 000 m³/jour que devait produire l’usine représentent une composante essentielle du plan de production visant à combler le déficit estimé à un million de m³ d’ici 2030. L’ancien ministre a également souligné l’importance stratégique du projet, non seulement pour renforcer l’approvisionnement en eau de Dakar et de sa banlieue, mais aussi comme solution de repli en cas de crise, à l’image de l’accident majeur survenu en 2013 à Keur Momar Sarr.

Des marges de manœuvre contractuelles pour renégocier

Plutôt que d’annuler le contrat, Serigne Mbaye Thiam estime qu’une renégociation aurait été plus opportune. Il évoque l’existence de fenêtres de renégociation prévues dans l’accord initial, notamment autour de la production énergétique. En effet, ACWA POWER avait la possibilité d’exploiter une centrale électrique, avec un quota d’injection de 15% dans le réseau national, le reste étant réservé à l’usine.

Autre levier important : les modalités de financement. Le contrat prévoyait que si ACWA POWER obtenait des financements concessionnels, une baisse du coût de l’eau devait être répercutée sur les tarifs. Une clause de répartition des bénéfices était également intégrée : une baisse du prix de l’eau jusqu’à 2% revenait à l’opérateur, entre 2% et 10%, un partage 50/50 avec l’État, et au-delà de 10%, le Sénégal récupérait l’intégralité du gain.

Serigne Mbaye Thiam a également rappelé que le projet s’inscrivait dans le cadre plus large du "Grand Transfert" hydraulique. Une partie de l’eau brute était destinée à l’agriculture, et une autre devait être transférée de Pekess à Touba, éloignant ainsi l’eau de Dakar, contrairement au schéma initial du projet.

Pour l’ancien ministre, ces éléments plaident pour une relance du partenariat, dans des conditions renégociées, afin de garantir durablement l’accès à l’eau, dans un contexte de croissance démographique et de changement climatique.