NETTALI.COM - Depuis l’agression d’un retraité espagnol, attribuée à de jeunes d’origine nord-africaine, la ville de Torre-Pacheco, dans la région de Murcie, est le théâtre de représailles ciblant les immigrés. Des groupes d’extrême droite mènent des expéditions punitives, plongeant la communauté étrangère – notamment africaine – dans un climat de terreur.
Les rues autrefois paisibles de cette ville agricole du sud-est espagnol sont désormais le théâtre d'une tension palpable. Depuis plusieurs jours, des agressions, des propos haineux et des intimidations s’enchaînent. Les immigrés, qu’ils soient maghrébins, subsahariens ou latino-américains, sont devenus les cibles d’un rejet violent alimenté par les réseaux sociaux et la colère populaire.
« Ce n’est plus une vie normale, c’est une survie »
Parmi ceux qui en souffrent, Baye Laye Touré, ouvrier sénégalais installé depuis près de vingt ans à Torre-Pacheco, confie à L'Observateur son désarroi : « Aujourd’hui, simplement mettre un pied dehors est devenu un acte risqué. L'insécurité n'est plus une simple peur, elle est ancrée dans nos esprits. Ce n’est plus une vie normale, c’est une survie. »
Selon lui, la tension a explosé depuis vendredi dernier : « Il y a les insultes dans la rue, les regards remplis de méfiance, parfois de haine. Sur les réseaux sociaux, certains n’hésitent plus à appeler à la vengeance. [...] Ce climat nous pousse à nous faire tout petits, à marcher la tête baissée. »
Le plus inquiétant, selon Baye Laye, c’est que la violence semble aveugle : « La colère n’a plus de direction. Elle frappe au hasard. Et nous, Africains en général, sommes dans le viseur. »
Vie sociale suspendue
Comme beaucoup d’autres, Baye Laye a dû adapter sa routine pour échapper aux agressions : « Je ne sors plus de chez moi, sauf pour aller travailler. J’évite les endroits animés. Je ne reste plus dehors après une certaine heure. J’ai mis ma vie sociale entre parenthèses. »
Son témoignage illustre la profonde détresse de milliers de travailleurs immigrés, souvent employés dans le secteur agricole, qui se retrouvent pris au piège d’un conflit dont ils ne sont ni les acteurs, ni les responsables.« Nous ne voulons que vivre en paix, nourrir nos familles, travailler dignement, et être respectés comme des êtres humains. »