NETTALI.COM - L’économiste Moubarack Lô, ancien conseiller sous le régime de Macky Sall, alerte sur les répercussions économiques d’une instabilité politique persistante au sommet de l’État. Dans un entretien avec L’Observateur, il plaide pour un plan de redressement crédible, une gouvernance performante et un climat politique apaisé.

La note souveraine du Sénégal a été rétrogradée pour la troisième fois en moins d’un an par les agences internationales. Pour Moubarack Lô, ce signal négatif traduit une crise de confiance à l’égard de la trajectoire économique du pays : « Il ne faut pas chercher à opérer des changements brusques. Il faut au contraire faire preuve de constance, rester concentré sur ses objectifs et garder le cap. »

L’économiste est convaincu que le redressement est possible à moyen terme, à condition que des mesures fortes soient prises : « Si le gouvernement annonce un plan de redressement et de relance, publie des comptes publics crédibles et validés par le FMI, et obtient un satisfecit officiel, alors la perception des agences de notation peut changer en six à douze mois. »

 Gouverner, pas s’affronter

Mais l’économie ne pourra se redresser sans stabilité politique. À ce titre, Moubarack Lô adresse une mise en garde claire : « Si les tensions perceptibles entre le Président et le Premier ministre devraient perdurer, cela serait fatal pour l’économie du pays. »

Il appelle les deux hommes forts de l’exécutif à laisser de côté la « politique politicienne », les attaques contre les chroniqueurs ou les joutes stériles avec l’opposition, et à se mettre résolument au travail.

Dans une démarche de décrispation, il recommande des mesures concrètes : « Il faut libérer toutes les personnes détenues pour des délits d’opinion, engager une paix des braves, restaurer un climat de respect mutuel, et accepter la critique comme moteur de performance. »

Enfin, Moubarack Lô conclut son propos par un appel solennel à l’engagement sincère pour le bien commun : « Le développement, c’est faire chaque jour un pas qu’on n’avait jamais fait. Ce n’est pas rester sur place en s’invectivant. [...] Les responsables politiques doivent sortir de leurs intérêts immédiats pour devenir les moteurs de l’émergence du pays. »