NETTALI.COM  – L’activiste controversé Assane Diouf a comparu ce jeudi devant le tribunal correctionnel de Dakar. Il est poursuivi pour diffusion de fausses nouvelles, propos contraires aux bonnes mœurs et offense à une personne exerçant les prérogatives du président de la République.

Âgé de 53 ans, père de cinq enfants, et se présentant comme entrepreneur domicilié à Guédiawaye, le prévenu a fermement nié les faits à la barre, tout en reconnaissant certains propos qui lui sont reprochés dans une vidéo largement relayée sur les réseaux sociaux.

« Je n’ai jamais cité le nom du Premier ministre »

Interpellé sur des déclarations jugées outrancières, notamment l’expression « jakarlo ak xar xarou tank Adji Sarr », Assane Diouf a affirmé : « Je n’ai rien inventé. J’ai combattu dans l’affaire Adji Sarr, j’ai vécu ces faits. Je suis un lanceur d’alerte, pas un menteur. »

S’il admet avoir tenu des propos crus, il rejette l’idée d’avoir visé explicitement le Premier ministre Ousmane Sonko : « Je n’ai jamais cité son nom. Je parlais de manière générale. »

Interrogé par le juge sur le qualificatif de « premier menteur de la République », l’activiste s’est défendu maladroitement : « Je peux parler du premier président qui occupe un poste, mais je ne l’ai jamais traité de menteur. »

Le procureur, de son côté, a été catégorique. Selon lui, la vidéo litigieuse diffusée sur TikTok met clairement en cause le Premier ministre, en des termes « graveleux et diffamatoires », notamment en évoquant des cadeaux supposés – un véhicule et un appartement – qu’il aurait reçus du patron de Seneguindia. Des allégations sans fondement ni preuve, a rappelé le ministère public.

Le parquet requiert deux ans, dont six mois ferme

Dans son réquisitoire, le procureur a estimé que toutes les infractions sont caractérisées : « Il nie aujourd’hui, mais les images parlent d’elles-mêmes. Il a tenu des propos obscènes et proféré des accusations graves sans en justifier. » Il a requis deux ans d’emprisonnement, dont six mois ferme.

En face, la défense, assurée par Me Alioune Badara Fall et Me Aboubacry Barro, a plaidé la relaxe.
Me Fall a insisté sur l'absence de désignation directe du Premier ministre : « Mon client ne l’a jamais nommé. Et même si c’était le cas, la qualification d’offense ne saurait s’appliquer car il ne s’agit ni d’un chef d’État ni d’un dépositaire d’autorité publique au sens strict. »

Me Barro a ajouté que le Premier ministre n’est pas une institution protégée par le Code pénal dans ces circonstances : « L’article invoqué est inopérant ici. Nous demandons un renvoi pur et simple des fins de poursuite, ou une lecture indulgente de la loi. »

Les avocats ont en outre sollicité la libération provisoire de leur client, demande rejetée par le tribunal, suivant l’avis du parquet qui a mis en avant un risque élevé de récidive.

L’affaire est mise en délibéré au 7 août 2025.