NETTALI.COM - Après la mise en demeure au Groupe futurs médias (GFM), avec la menace de suspension partielle ou totale de la diffusion des programmes de la chaîne TFM par le Conseil national de régulation de l’audiovisuel (CNRA), le Conseil des diffuseurs éditeur de presse du Sénégal (CDEPS) a réagi dénonçant ainsi une dérive autoritaire.
Le patronnat de la presse est très remonté contre les régulateurs des médias. Dans un communiqué, le Conseil des diffuseurs et éditeurs de presse exprime sa « profonde indignation » et accuse le Conseil national de regulation de l’audiovisuel (Cnra) de « parti-pris manifeste ». Le patronat dénonce un « acharnement intolérable » contre le groupe de presse privé.
Il rappelle que cette décision survient dans un contexte de tensions croissantes entre le CNRA et certains médias, et après un précédent communiqué du 26 mars 2025, publié alors que le collège du régulateur n’était pas encore officiellement installé.
L’organisation juge inacceptable que le CNRA semble condamner une partie au profit de l’autre, dans une affaire liée à un échange tendu entre un chroniqueur et un militant politique lors de l’émission "Jakaarlo" du 4 juillet.
Pour le CDEPS, cette position porte atteinte au principe fondamental de pluralisme des opinions, socle de tout débat démocratique.
Le CDEPS accuse également le CNRA de s’inscrire dans une dynamique de « soumission aux pressions politiques, pointant des appels récurrents d’un parti politique à museler les médias privés ».
Mamadou Ibra Kane dénonce une série d’atteintes répétées à la liberté d’expression, évoquant notamment les convocations de journalistes à la police, dont celle récente de Madiambal Diagne, l’usage excessif du pouvoir judiciaire contre des professionnels des médias, l’asphyxie financière des entreprises de presse par l’inquisition fiscale, la privation de publicité et les retards de paiement, le blocage depuis deux ans du Fonds d’Appui et de Développement de la Presse (FADP) et la coupure illégale de signaux de chaînes de télévision.
Face à ce qu’il qualifie de « tentative d’instauration d’une police de la pensée », le CDEPS affirme son soutien sans réserve au Groupe futurs médias et réclame une indépendance réelle du CNRA, une posture de mesure, d’équilibre et de retenue dans l’exercice de sa mission.
L’organisation lance un appel solennel au président de la République, à son gouvernement, à la société civile, aux autorités religieuses et coutumières, ainsi qu’aux partis politiques, pour la préservation de l’État de droit, de la liberté de la presse et de la liberté d’expression, qu’elle considère comme des piliers de la démocratie sénégalaise.