NETTALI.COM - À l’invitation de Donald Trump, le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye effectuera une visite de travail aux États-Unis les 9 et 10 juillet prochains. Cette rencontre, confirmée par la Maison Blanche et la présidence sénégalaise, réunira cinq chefs d’État africains autour du président américain dans un contexte de rivalités géopolitiques accrues sur le continent.

Participeront également à ce mini-sommet les présidents de la Mauritanie, de la Guinée-Bissau, du Liberia et du Gabon. Une sélection qui interpelle, car elle écarte les grandes puissances économiques du continent au profit de pays disposant d’importantes ressources minières et énergétiques stratégiques.

Enjeux sécuritaires et économiques au cœur de la rencontre

Derrière cette rencontre inédite, plusieurs observateurs voient les prémices d’une nouvelle approche américaine en Afrique. Selon Nicaise Mouloumbi, président de l’ONG gabonaise Croissance Saine Environnement qui s'est exprimé sur BBC Afrique, « il s’agit d’un enjeu sécuritaire et commercial, mais aussi environnemental ». Il pointe notamment l’intérêt américain pour les terres rares, le manganèse, le pétrole et l’uranium, dont regorgent certains pays invités, en particulier le Gabon et le Sénégal.

Pour Babacar Diagne, ancien ambassadeur du Sénégal à Washington, cette initiative marque un virage stratégique de l’administration Trump. « L’heure n’est plus aux aides au développement mais au commerce pur et dur, avec des exigences claires sur les ressources », analyse-t-il.

Des questions migratoires en arrière-plan

Au-delà des questions économiques, le dossier migratoire devrait également figurer à l’agenda. Ousmane Sène, directeur du West African Research Center, rappelle que « plus de 20 000 Mauritaniens et de nombreux Sénégalais ont rejoint les États-Unis ces dernières années via des routes clandestines ». Cette dynamique migratoire préoccupe Washington et pourrait motiver des discussions sur le contrôle des flux et les expulsions.

Un rendez-vous sous surveillance

Cette rencontre suscite toutefois des inquiétudes. Des voix de la société civile appellent les dirigeants africains invités à faire preuve de vigilance. « Ce n’est pas parce qu’on est invités qu’il faut brader nos ressources au premier venu », alerte Nicaise Mouloumbi, qui espère voir les présidents africains défendre les intérêts de leurs peuples, notamment sur les questions de tarifs douaniers et d’expulsions.

Cette visite de Diomaye Faye à Washington constitue ainsi un test diplomatique et stratégique dans un contexte où l’Afrique devient un terrain de compétition entre puissances mondiales.