NETTALI.COM - À chaque déplacement du président de la République entre le palais présidentiel et l’aéroport, Dakar se transforme en une véritable souricière. Embouteillages monstres, immobilisation de véhicules sur plusieurs kilomètres, piétons bloqués et automobilistes excédés : la capitale sénégalaise vit au rythme des cortèges officiels, au grand dam des usagers de la route.
Depuis des décennies, ce dispositif sécuritaire, jugé lourd et archaïque par beaucoup, accompagne les déplacements du chef de l’État et de certains hauts responsables. Mais face à la densification du trafic et à l’exaspération croissante des usagers, les appels à une révision du protocole de circulation se multiplient.
Des automobilistes pris au piège sans préavis
« On reste bloqués pendant de longues minutes, parfois sans qu’on sache pourquoi ni pour combien de temps, et cela à n’importe quelle heure », dénonce Mamadou Ndiaye, chauffeur de taxi rencontré sur la VDN. Une situation récurrente qui, selon lui, aurait pu être évitée par un simple dispositif d’information en amont.
D’autres automobilistes estiment qu’il serait plus judicieux de communiquer publiquement, via les médias et réseaux sociaux, les horaires et itinéraires des déplacements présidentiels, comme cela se pratique dans certaines capitales. « Si je sais que le président passe à 17 heures sur la VDN, je prendrai une autre route ou je décalerai mon départ. Mais là, c’est à chaque fois la surprise et c’est pénible », déplore Adja Ndione, cadre dans une entreprise privée.
L’option de l’hélicoptère relancée
Face à ce constat, plusieurs voix proposent une alternative radicale : l’utilisation systématique de l’hélicoptère pour les déplacements du chef de l’État entre le palais et l’aéroport. Une option déjà évoquée à plusieurs reprises mais jamais véritablement adoptée de manière régulière.
« Un hélicoptère qui décolle du palais pour rejoindre l’aéroport, c’est la seule solution à mon avis. Dakar est ce qu’elle est, on ne peut pas bloquer toute une ville à chaque fois que le président prend l’avion », tranche un commerçant de Liberté 6.
Trop de cortèges, trop de véhicules officiels
Au-delà des déplacements présidentiels, beaucoup s’interrogent également sur la multiplication des cortèges d’officiels à travers Dakar. « C’est tous les jours, à toute heure. Des dizaines de 4x4 qui immobilisent la circulation. Pourquoi tant de bolides pour accompagner des ministres ou des autorités administratives ? » s’interroge un usager sur les réseaux sociaux.
Dans une capitale confrontée à une congestion chronique et où la mobilité urbaine constitue un défi quotidien, cette problématique dépasse le simple cadre sécuritaire. Elle renvoie à des questions de gouvernance et de considération des droits des citoyens à une circulation fluide et accessible.
Alors que les priorités affichées par les nouvelles autorités mettent l’accent sur l’amélioration des conditions de vie et des services urbains, cette question de la gestion des déplacements officiels pourrait bien s’imposer à l’agenda des réformes. À condition, bien sûr, que la volonté politique suive.