NETTALI.COM - Le procès de Moustapha Diakhaté, ancien président du groupe parlementaire Benno Bokk Yakaar et figure politique connue pour ses prises de position critiques, connaît un nouveau report. Le tribunal des flagrants délits de Dakar a en effet prorogé son délibéré au 9 juillet 2025, une décision motivée par la grève des greffiers qui perturbe actuellement le fonctionnement des juridictions sénégalaises.

L’ancien parlementaire est poursuivi pour offense au chef de l’État et offense à une personne exerçant une partie des prérogatives du président de la République. Des délits prévus et réprimés par le Code pénal sénégalais.

À l’origine de cette procédure, des déclarations de Moustapha Diakhaté critiquant vertement le protocole de la présidence de la République. Il aurait notamment qualifié les autorités de « gougnafiers », terme jugé outrageant par le parquet. Ces propos ont été jugés de nature à porter atteinte à l’honneur et à la considération dus à la fonction présidentielle et à ses collaborateurs.

Réquisitions et ligne de défense

Lors de l’audience, le procureur de la République a requis une peine de trois mois de prison ferme assortie d’une amende de 200 000 FCFA à l’encontre de Moustapha Diakhaté.

La défense, quant à elle, a plaidé la relaxe, invoquant la liberté d’expression et le droit à la critique politique, surtout dans un contexte démocratique. Les avocats de l’ancien député ont dénoncé une tentative d’intimidation et estimé que les propos de leur client relevaient d’une opinion politique exprimée dans le débat public.

Le président du tribunal a indiqué que la décision n’était pas encore disponible en raison de la grève nationale des greffiers, qui perturbe la délivrance des jugements dans plusieurs juridictions du pays. Ce mouvement social, déclenché pour exiger de meilleures conditions de travail et des revalorisations salariales, a contraint de nombreux tribunaux à repousser leurs délibérés et audiences.

Ce procès de Moustapha Diakhaté, ancien proche du pouvoir devenu critique acerbe des autorités, est suivi de près par l’opinion. Il illustre la sensibilité persistante autour de la liberté d’expression et des limites du discours politique au Sénégal.

Le verdict attendu le 9 juillet 2025 dira si la justice sénégalaise retiendra les infractions d’offense ou reconnaîtra à Moustapha Diakhaté le bénéfice de la liberté critique dans le cadre du débat démocratique.