NETTALI.COM - Le Premier ministre du Congo, Anatole Collinet Makossa, s’est exprimé jeudi à Dakar sur la suspension du contrat d’affermage signé entre la Société nationale d’électricité du Sénégal (Senelec) et l’État congolais pour la distribution d’électricité sur une période de dix ans.

Face à la presse, en marge d’une conférence conjointe avec son homologue sénégalais Ousmane Sonko, le chef du gouvernement congolais a tenu à préciser le contexte et les raisons de cette décision.

« La convention d’affermage a été suspendue. C’est moi-même qui ai signé la note de suspension, le temps que nous puissions finaliser les 41 mesures préalables identifiées et surtout préparer l’opinion à comprendre la nécessité de cette réforme », a expliqué Anatole Collinet Makossa.

Le Premier ministre congolais a rappelé que le choix de la Senelec s’était fait à la suite d’un appel à manifestation d’intérêt international auquel plusieurs entreprises avaient pris part. Mais c’est sous la pression de l’opinion publique congolaise que le gouvernement a été contraint de suspendre temporairement le processus.

« Les populations ont eu du mal à accepter que ce secteur stratégique, parfois perçu comme un attribut de souveraineté nationale, soit confié à des acteurs étrangers, et notamment à des privés », a-t-il reconnu.

Makossa a toutefois précisé que des discussions allaient se poursuivre avec la Senelec, afin d’aplanir les incompréhensions et lever les réserves exprimées.

De son côté, le Premier ministre sénégalais Ousmane Sonko a réaffirmé le caractère transparent du processus de sélection de la Senelec et salué le choix fait par les autorités congolaises.

« Il s’agit d’une suspension et non d’une annulation », a-t-il souligné, avant d’ajouter : « Nous sommes convaincus que ce contrat, une fois mis en œuvre, constituera un bel exemple de coopération sud-sud efficace et exemplaire. »

Le chef du gouvernement sénégalais a également salué les performances de la Senelec, « choisie parmi plusieurs entreprises internationales dans le cadre d’un appel d’offres transparent ».

Le 13 février 2025, la Socelec, filiale de la Senelec, signait un contrat d’affermage de dix ans avec l’État congolais pour la gestion de la distribution de l’électricité. Mais face aux vives protestations et à la méfiance d’une partie de la population et de certains acteurs politiques, le président de l’Assemblée nationale congolaise, Isidore Mvouba, avait annoncé le 27 février la suspension du contrat dans l’attente des conclusions d’une commission technique.

Ce partenariat s’inscrit dans un vaste programme de réformes du secteur de l’énergie entrepris par le Congo depuis 2003.

Les deux Premiers ministres se sont engagés à poursuivre les échanges pour lever les malentendus et parvenir à une relance du contrat dans un cadre apaisé.

« Une fois les 41 mesures préalables levées, il appartiendra au gouvernement congolais de mieux faire percevoir l’importance de cette réforme à toutes les parties prenantes », a conclu Anatole Collinet Makossa.