NETTALI.COM - Le Mali s’enfonce un peu plus dans l’exceptionnalité politique. Réuni ce mercredi en Conseil des ministres, le gouvernement de transition a adopté un projet de loi controversé qui confère au général Assimi Goïta un mandat présidentiel de cinq ans, renouvelable, sans passer par la voie des urnes.
Selon le communiqué officiel, ce texte sera transmis dans les prochains jours au Parlement de transition pour approbation.
L’initiative est justifiée, d’après les autorités maliennes, par la nécessité de « parachever le travail entamé depuis août 2021 », date à laquelle le colonel (devenu général) Goïta avait pris le pouvoir à la faveur d’un second coup d’État en moins d’un an. Depuis, le pays est dirigé par un gouvernement militaire ayant suspendu, à plusieurs reprises, les échéances électorales promises.
Une transition à durée indéterminée
En réalité, ce projet de loi officialise ce que nombre d’observateurs maliens et internationaux redoutaient : la transformation de la transition militaire en un pouvoir personnel consolidé autour d’Assimi Goïta.
Alors que les engagements initiaux prévoyaient un retour à l’ordre constitutionnel dès 2022, plusieurs reports successifs ont entretenu un climat de flottement institutionnel. Avec cette nouvelle disposition, la perspective d’élections libres et pluralistes s’éloigne un peu plus.
Si les autorités justifient leur démarche par des impératifs sécuritaires et de souveraineté, dans un pays toujours en proie aux groupes armés et aux tensions communautaires, les critiques s’annoncent vives au sein de l’opposition politique, de la société civile et des partenaires internationaux.
Le Parlement de transition, composé en grande majorité de figures proches de la junte ou de ses alliés, devrait sans surprise valider le texte. Une adoption qui consacrera officiellement Assimi Goïta président du Mali pour cinq années supplémentaires, renouvelables, sans passer par la légitimité des urnes.
Ce virage marque un tournant décisif pour le Mali, qui s’installe durablement dans un régime militaire assumé, à rebours des dynamiques démocratiques réclamées dans la sous-région ouest-africaine. Après le Burkina Faso et le Niger, c’est un nouveau signe du recul démocratique qui frappe la région sahélienne.