NETTALI.COM - C’est une affaire aussi explosive que discrète qui s’apprête à livrer ses vérités devant la justice sénégalaise. Jérôme Bandiaky, alias « Sniper », principal accusé dans un vaste dossier de trafic d’armes lié aux violences politiques de ces dernières années, sera jugé avec Sakory Kâ, frère d’un ancien ministre. Un troisième prévenu, le lutteur Bathie Bâ dit « Mbeuss », a lui bénéficié d’un non-lieu.

Le Sénégal n’en a sans doute pas fini avec les relents toxiques de ses récentes convulsions politiques. Alors que le pays panse à peine les blessures des violences de 2023 et 2024, la justice s’apprête à ouvrir un procès qui pourrait éclairer d’un jour cru l’arrière-scène de cette période trouble.

Au cœur de cette affaire : Jérôme Bandiaky, un nom qui circulait dans les rapports de la Division des Investigations Criminelles (DIC) depuis plusieurs mois, sous le sobriquet évocateur de « Sniper ». L’homme est soupçonné d’avoir été l’un des principaux pourvoyeurs d’armes dans des milieux interlopes, alimentant aussi bien des groupes de nervis que des réseaux politiques en quête de bras armés.

Sakory Kâ, frère de l’ancien ministre Doudou Kâ, figure parmi les accusés. Lui est reproché d’avoir facilité la logistique et servi de contact dans certaines opérations d’acheminement et de stockage de munitions.

Le lutteur Bathie Bâ dit « Mbeuss », initialement mis en cause, a quant à lui été blanchi par le Doyen des juges, qui a prononcé un non-lieu en sa faveur. Dès la notification de l’ordonnance, il a quitté sa cellule.

Le procès, qui doit s’ouvrir dans les prochaines semaines, s’annonce sous haute tension. Car au-delà de la simple affaire de détention et de trafic illicite d’armes, c’est tout un pan des stratégies souterraines de gestion politique par la force qui pourrait être exposé.

Dans les milieux sécuritaires, certains évoquent des ramifications encore inexplorées impliquant des personnalités de l’ancien régime. Le nom de Doudou Kâ n’apparaît certes pas dans la procédure judiciaire, mais sa proximité familiale avec Sakory Kâ alimente les rumeurs et spéculations.

Rappelons que les années 2023 et 2024 ont été marquées par des manifestations violemment réprimées, des affrontements sporadiques et des accusations récurrentes sur l’utilisation de groupes privés armés pour disperser les contestations.

Amnesty International, la RADDHO et plusieurs ONG avaient à l’époque dénoncé « des méthodes de terreur » et demandé l’ouverture d’enquêtes indépendantes. Le procès Bandiaky pourrait ainsi devenir, pour la société civile, l’occasion de réclamer plus de transparence sur ces dérives.