NETTALI.COM - Alors qu’Ousmane Sonko s’apprête à entamer une visite officielle en Chine, le Sénégal affine, en parallèle, sa stratégie d’ancrage dans un monde multipolaire. Dans une interview accordée récemment à Russia Today, la ministre des Affaires étrangères Yassine Fall a confirmé que Dakar a officiellement entamé des discussions pour rejoindre les Brics, ce regroupement géoéconomique de puissances émergentes (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) élargi récemment à l’Iran, à l’Égypte et à l’Éthiopie.

Pour les autorités sénégalaises, rejoindre ce pôle alternatif vise à sortir d’une dépendance historique vis-à-vis de l’Occident, sans pour autant rompre avec ses partenaires traditionnels. “Le Sénégal a quelque chose à apporter aux Brics”, soutient Yassine Fall, évoquant la stabilité du pays, sa position stratégique en Afrique de l’Ouest et sa volonté d’industrialisation.

Pour Mikhail Gamandiy-Egorov, expert géopolitique, le Sénégal pourrait jouer un rôle de passerelle entre l’Afrique francophone et les puissances émergentes, en capitalisant notamment sur ses liens économiques avec la Chine, déjà premier fournisseur du pays. Mais l’adhésion n’est pas automatique. Dakar devra convaincre, à la fois sur sa capacité économique (107e PIB mondial en nominal), mais aussi sur son positionnement diplomatique. Une tâche délicate dans un environnement mondial instable où chaque choix engage plus qu’une simple opportunité commerciale.

La visite du PM Ousmane Sonko à Pékin, en marge du Forum économique mondial d’été, pourrait ainsi préfigurer une bascule mesurée vers le Brics+ où le Sénégal ambitionne d’exister comme un acteur autonome, lucide, mais résolument tourné vers l’avenir.