NETTALI.COM - Depuis plusieurs semaines, le débat politique sénégalais s’emballe autour d’un sujet qui, officiellement n’existe pas : la candidature de Macky Sall au poste de Secrétaire général des Nations Unies. Une rumeur dont on se demande d'ailleurs d'où elle pourrait bien avoir pris naissance. Surtout que ni Macky Sall, ni l'APR et encore moins l'un de ses proches n'en a pas encore fait cas.

Mais, toujours est-il qu'elle secoue le gouvernement, les alliés du pouvoir et une partie de l’opinion publique. Et à bien y regarder, cette agitation dénote tout simplement d'un manque de sérénité et de sang froid de la part de ceux-là qui tentent d'en faire une affaire. Comme Waly Diouf Bodiang, un habitué des déclarations fracassantes, sans recul, ni retenue, qui relève qu' "il faut être Africain pour imaginer, ne serait-ce qu’un instant, qu’un fugitif, ancien dictateur sanguinaire, puisse diriger l’ONU."

De même que cette sortie de Fadilou Keïta à l'émission "champ contre champ" sur la RTS, au cours de laquelle, le directeur général de la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC), Fadilou Keïta, n’a pas mâché ses mots sur la supposée candidature de Macky Sall à l’ONU, estimant que "la candidature de Macky Sall était prévisible", mais qu'"elle est compromise par les événements politiques de 2021 à 2024. Ces tâches noires sur son régime rendent sa candidature inadaptée à une institution aussi prestigieuse que l’ONU".  Celui-ci pense ainsi que l’image du Sénégal ne doit pas être associée à une figure ayant, selon lui, failli dans la gestion des affaires nationales, rappelant "des troubles graves ayant causé la mort de 80 personnes. Il est contradictoire de soutenir fièrement une telle candidature"

Réagissant à la rumeur d’une telle candidature, Aminata Touré qui ne rate aucune occasion de s'en prendre à Macky Sall depuis son non élection à la présidence de l'Assemblée nationale, a fait savoir que le président sortant du Sénégal n’a pas le curriculum vitae requis pour remplacer António Guterres, actuel secrétaire général des Nations unies. Dans un message publié sur sa page Facebook, elle a souligné que le futur Secrétaire général doit avoir un curriculum vitae « immaculé » en matière de droits humains. Un critère que Macky Sall ne peut remplir, soulignant que « les Nations Unies sont le berceau des droits humains, et les États membres veillent à ce que le Secrétaire général ait un parcours irréprochable"

Même posture de la part de la cheffe de la diplomatie sénégalaise, Yacine Fall qui a formellement rejeté l’idée d’une telle ambition portée par l’ancien chef de l’État. « Macky Sall candidat au poste de Secrétaire général de l’ONU ? Ceux qui avancent cela ignorent manifestement les critères requis : son passé, son bilan et son profil ne correspondent pas. Lorsque les candidatures seront officialisées, son nom ne figurera même pas sur la liste », a-t-elle affirmé.

Quatre personnes suffisamment représentatives qui ont au finish en commun d'être sorties du bois pour anticiper et tuer dans l'oeuf ce qui n'est à ce stade que de la spéculation pure et simple. Ils auraient pourtant mieux fait de garder le silence en attendant d'avoir la confirmation de l'info, plutôt que de susciter des vocations qui pour l'heure, n'existe pas.

A la vérité, Macky Sall ne pouvait rêver d'une meilleure opération de communication gratuite que celle-ci, étant entendu que le pire en politique, c’est d'être oublié et de ne plus exister dans la tête des gens.

Revoilà Macky, devenu le sujet numéro un du débat public, sans même ouvrir la bouche une seule fois. Une séquence qui renforce sa présence dans les esprits et rappelle du coup son envergure. Tout se passe finalement comme si son fantôme hantait certains membres du gouvernement et du Pastef, tant il semble être une obsession chez certains comme ce cher Waly Diouf Bodiang qui semble passer sa vie sur les réseaux, alors qu'il a fort à faire au Port autonome de Dakar dont il ne semble pas saisir l'enjeu de poumon économique entre autres du Sénégal qu'il est.

Le gouvernement donne en effet l’impression d'être plus occupé à traquer l’ombre de Macky, qu’à gouverner. Une posture qui dénote un malaise ou une certaine crispation continue dans le temps, à la moindre évocation du nom de l'ancien président.

Après un an de pouvoir et des difficultés à tracer un cap clair, l'ombre de l'ancien président est omniprésente et semble gêner l'action du nouveau pouvoir. Et pourtant ce dernier se montre bien discret sur les affaires intérieures du Sénégal, même s'il est souvent présent à des rencontres internationales qui lui offrent tout de même une visibilité.

Dans tous les cas, cette posture fébrile et cette obsession de faire de Macky Sall un bouc émissaire ou un responsable de tous les malheurs du Sénégal, empêche le gouvernement d'avancer et abîment davantage l’image du pouvoir plutôt que celle de l’ancien président.

Cette affaire qui aurait pu être passée sous silence, devient un cas d’école de communication politique ratée. Le gouvernement a offert à Macky Sall une tribune gratuite. Il l’a remis au centre du jeu. Et il a montré à l’opinion qu’il restait, qu’on le veuille ou non, un acteur politique incontournable.