NETTALI.COM - Depuis plusieurs semaines, le débat politique sénégalais s’emballe autour d’un sujet qui, officiellement, n’existe pas : la supposée candidature de Macky Sall au poste de Secrétaire général des Nations Unies. Une rumeur jamais confirmée par l’intéressé, mais qui agite le gouvernement, les alliés du pouvoir et une partie de l’opinion publique. Et à bien y regarder, cette agitation est une erreur stratégique.

Depuis quelques semaines, la scène politique sénégalaise est prise d’un étrange vertige. Une rumeur non confirmée — celle de la candidature de Macky Sall à la tête de l’ONU — a déclenché une avalanche de réactions. Deux figures majeures du pouvoir, Aminata Touré et Yassine Fall, sont sorties du bois pour attaquer cette éventualité. Une sortie de route stratégique pour un gouvernement qui aurait mieux fait de garder le silence.

Macky Sall ne pouvait rêver meilleure opération de communication gratuite. En politique, le pire, c’est l’oubli. Qu’on l’aime ou qu’on le déteste, le voilà redevenu le sujet numéro un, sans même ouvrir la bouche. Et cette séquence le place en position de force, peu importe l’issue :

  • S’il obtient le poste à l’ONU, ce sera une gifle monumentale pour ses détracteurs.
  • S’il ne l’obtient pas, il pourra clamer qu’il n’a jamais été candidat et dénoncer l’obsession maladive de ses anciens collaborateurs et du gouvernement.

Dans les deux cas, c’est Macky Sall qui dicte le rythme. Et le pouvoir s’y enferme tout seul.

Dans les rues de Dakar, dans les quartiers populaires et sur les réseaux sociaux, la scène amuse autant qu’elle inquiète. On a l’impression d’un gouvernement plus occupé à traquer l’ombre de Macky qu’à gouverner.
Un comportement qui dénote un malaise : l’incapacité à imposer un cap clair après plus d’un an au pouvoir. Résultat : on ravive les vieux démons, on joue à se faire peur, et l’opinion assiste, fatiguée, à un feuilleton politique inutile.

Dernier aspect dérangeant de cette séquence : les accusations à peine voilées contre Macky Sall. Et là, il n’y a que trois issues :

  • Vous avez des preuves ? Mettez-les sur la table et saisissez la justice.
  • Vous en avez et vous vous taisez ? Vous trahissez le peuple.
  • Vous n’en avez pas ? Alors, c’est de la diffamation d’État.

Dans tous les cas, cette posture fébrile abîme davantage l’image du pouvoir que celle de l’ancien président.

Cette affaire, qui aurait pu passer inaperçue, devient un cas d’école de communication politique ratée. Le gouvernement a offert à Macky Sall une tribune gratuite. Il l’a remis au centre du jeu. Et il a montré à l’opinion qu’il restait, qu’on le veuille ou non, un acteur politique incontournable.