NETTALI.COM - À la suite du déplacement officiel du Premier ministre sénégalais Ousmane Sonko à Abidjan, l’ex-député Moussa Diakhaté a livré une analyse acérée, qualifiant la visite de "mission de rattrapage diplomatique".
Dans une tribune incisive, l’ex-député et politiste Moussa Diakhaté affirme que la visite du Premier ministre sénégalais en Côte d’Ivoire symbolise un réalignement stratégique forcé face à l'ascendant d’Abidjan en Afrique de l’Ouest
Moussa Diakhaté n’y va pas par quatre chemins : « Le Premier ministre Sonko est venu voir le maître du jeu. Pas pour lui faire la morale, mais pour comprendre la partition». Selon lui, cette visite d’Ousmane Sonko, effectuée le 29 mai dernier dépasse largement la simple diplomatie de courtoisie. Elle constitue plutôt une tentative de repositionnement géopolitique dans une Afrique de l’Ouest redessinée par la Côte d’Ivoire d’Alassane Ouattara.
Diakhaté ironise sur les ambitions souverainistes affichées par le chef du gouvernement sénégalais.« Il est arrivé certainement à Abidjan avec un discours souverainiste dans la valise, mais les poches pleines de contraintes : déficit budgétaire explosif, pressions sociales en gestation, chute de confiance des bailleurs… », fait-il savoir.
Comparant Dakar à un acteur politique en perte de repères, l’auteur de la tribune déplore l’improvisation stratégique du Sénégal dans un contexte régional où, selon lui, la Côte d’Ivoire avance avec méthode. « Pendant que le Sénégal balbutie sa stratégie régionale, la Côte d’Ivoire trace sa route. Solide, structurée, calibrée », fait remarquer Moussa Diakhaté.
L’échec de la candidature sénégalaise à la tête de la Banque Africaine de Développement (BAD) est cité comme symptôme d’un affaiblissement diplomatique. « Dakar proposait son candidat, Abidjan soutenait la Mauritanie. Résultat : KO diplomatique pour le Sénégal », a lancé l'ex député de Bokk Guiss Guiss.
Dans sa critique, Moussa Diakhaté fustige également la proximité idéologique entre les nouvelles autorités sénégalaises et les régimes militaires du Mali, du Burkina et du Niger. « Les ‘apprentis stratèges’ de l’AES s’essoufflent… Pendant ce temps, Abidjan signe des accords bilatéraux », soutient l'ex parlementaire.
Face à ce contraste, il estime qu’Ousmane Sonko a opéré une mue politique : « Le Premier ministre est devenu plus prudent, moins vindicatif, plus réaliste. Il a compris que l’Afrique ne se construit pas sur YouTube, ni sur les chaînes russes, mais dans les centres de décision économiques», relève-il.
Et de conclure de manière lapidaire,« La visite du PM Sonko apparaît comme une page nouvelle ; non pas une reddition, mais une reconnaissance implicite des équilibres géostratégiques en place ».