NETTALI.COM - Dans une tribune publiée sur Facebook, le magistrat Mamadou Yakham Keïta répond indirectement aux récentes déclarations du DG de la RTS, défend l’ouverture d’informations judiciaires sur la base de vidéos, et appelle au respect de l’indépendance de la justice.
Le juge Mamadou Yakham Keïta, membre du Pool judiciaire financier (PJF), est sorti de sa réserve habituelle pour livrer une réflexion musclée sur le fonctionnement de la justice. Dans un texte publié sur sa page Facebook et intitulé « Halte aux attaques contre la Justice ! », ce magistrat, rendu célèbre notamment pour avoir condamné Ousmane Sonko dans l’affaire de diffamation contre Mame Mbaye Niang, a réagi avec fermeté à ce qu’il qualifie d’« affirmations erronées » sur le rôle du juge.
Sa sortie intervient après les déclarations du Directeur général de la RTS, Pape Alé Niang, qui estimait que les affaires impliquant Abdou Nguer et Assane Diouf devaient être jugées en flagrant délit. Une position que le magistrat semble contester frontalement, en rappelant les règles fondamentales du droit pénal.
« Il est parfois nécessaire de rappeler les fondements du droit, surtout quand certains s’aventurent à affirmer ce qu’un juge doit ou ne doit pas faire », écrit-il. Selon le juge Keïta, « l’ouverture d’une information judiciaire à partir d’une vidéo contenant des propos malveillants est parfaitement légitime ». Il insiste également sur un point technique : lorsqu’un juge d’instruction est saisi in rem — c’est-à-dire des faits eux-mêmes, et non d’un individu en particulier — il lui appartient d’en rechercher tous les auteurs, au-delà de la personne visible dans une vidéo.
Plus qu’un simple rappel juridique, le texte prend des allures de mise en garde. Le magistrat y défend une conception rigoureuse et indépendante de la justice « S’il existe le moindre soupçon d’un réseau organisé, de commanditaires ou d’instigateurs en coulisses, le rôle du juge est justement tenu d’enquêter au-delà de l’évidence », affirme-t-il.
« Ouvrir une information dans un tel contexte, loin de traduire un excès, révèle au contraire, un souci de rigueur et de profondeur dans la recherche de la vérité. »
Sur un ton volontairement solennel, il ajoute : « La justice a ses exigences. Ce n’est pas par vanité, mais par devoir que les juges gardent la tête droite, indépendamment du bruit ambiant. » Et de conclure : « Laissons à la Justice son autonomie. Elle ne s’exerce pas sous pression. Elle s’exerce dans le silence des couloirs du temple de Thémis. »