NETTALI.COM - L'ancien ministre Mansour Faye a été placé sous mandat de dépôt ce lundi au terme d'une audition de plus de quatre tours d'horloge. Devant les membres de la Commission d'instruction de la Haute cour de justice, le gendre de l'ancien président de la République a tenté tous les coups pour éviter la prison.
Quatre bonnes heures. C'est environ le temps que Mansour Faye a passé devant les magistrats de la Commission d'instruction de la Haute cour de justice qui ont fini par lui signifier leur décision de le placer sous mandat de dépôt.
Tout commence le matin. Attendu devant la Commission d'instruction de la Haute cour de justice, l'ancien ministre du Développement communautaire, de l'Equité sociale et territoriale se fait désirer. La cause : un accident survenu samedi sur la route de Saint-Louis. Sorti indemne du choc, Mansour Faye ne se sent pas pour autant au meilleur de sa forme en ce lundi matin. Aussi décide-t-il de se rendre à l'hôpital pour quelques soins. Il en informe ses avocats qui, à leur tour, saisissent le président de la Commission d'instruction. Leur objectif : obtenir un report de l'audition de leur client. Mais le juge ne l'entend pas de cette oreille, selon nos sources. Convaincu que l'accident dont il a été victime n'empêche pas une audition de Mansour Faye, le juge donne 15 minutes à ses avocats afin de le persuader à se présenter devant la commission. Sinon, c'est un mandat d'amener qui sera décerné. Problème : le médecin de Mansour Faye refuse de le libérer. "Sa tension est à 17", argumente le toubib. Mais il en faut plus pour convaincre le juge. C'est alors, selon nos informations, que Mansour Faye demande qu'on lui enlève les perfusions. Direction : le bureau du juge.
Le face-à-face démarre aux environs de 13 heures. Poursuivi pour "association de malfaiteurs, escroquerie portant des deniers publics, prise illégale d’intérêts, concussion, blanchiment de capitaux...", il a peu de chances de rentrer chez lui. Et ça, Mansour Faye le sait. Mais ses avocats sont prêts. Ils veulent démonter toute l'accusation. Sur la surfacturation par exemple, ils s'interrogent : comment leur client qui n'a établi aucune facture peut-il être poursuivi pour surfacturation? Mieux, d'après eux, pour l'achat du riz distribué pendant la pandémie de Covid-19, un appel d'offres a été lancé. Et sur les 30 soumissionnaires, quatre ont été retenus. "Mansour n'était même pas membre de la Commission qui donne les marchés", souffle un avocat de la défense. Il ajoute à propos du délit de faux et usage de faux, "ça ne tient pas puisqu'il n'y a pas de marchés fictifs". Mieux, selon les avocats de Mansour Faye, le rapport de la Cour des comptes ne cite nulle part leur client si ce n'est pour dire qu'il a été le seul à lancer un appel d'offres et enregistrer ses marchés.
Aux membres de la Commission d'instruction, Mansour Faye dira qu'il n'avait absolument rien à se reprocher. Mieux, il soutient avoir fait plus et mieux que ce qu'on lui avait demandé. "C'est une commande politique", confiera-t-il à ses avocats. Ces derniers proposent alors au juge une caution pour éviter le mandat de dépôt. Des biens de Mansour Faye ou de ses proches sont proposés. Mais les membres de la Commission d'instruction veulent de l'argent en espèces. Du cash. Résultat : l'ancien ministre du Développement communautaire, de l'Equité sociale et territoriale est inculpé et placé sous mandat de dépôt.