NETTALI.COM - À la veille de l’ouverture du dialogue national sur les réformes institutionnelles, la proposition de remplacer la CENA par une CENI suscite des réactions contrastées. Si certains saluent une avancée démocratique promise par le président Diomaye Faye, d’autres dénoncent une réforme “inutile” et motivée par des calculs politiques.

Le dialogue national prévu ce mercredi à Diamniadio n’a pas encore ouvert ses portes que le débat enfle déjà autour de l’un des points inscrits à l’ordre du jour : l’opportunité de remplacer la Commission électorale nationale autonome (CENA) par une Commission électorale nationale indépendante (CENI). Une proposition portée par le président Bassirou Diomaye Faye et qui figurait dans ses promesses de campagne.

Si cette initiative est censée renforcer la crédibilité du système électoral sénégalais, elle rencontre des oppositions de taille. Ibrahima Thiam, président de l’Alliance pour la citoyenneté et le travail (ACT), juge ce projet “inopportun” et “mal fondé”. Dans un entretien à l’Agence de presse sénégalaise, il estime qu’aucune situation de crise électorale ne justifie aujourd’hui une telle réforme, rappelant que la présidentielle de mars 2024 s’est déroulée dans un climat apaisé et sans contestation majeure.

« Pourquoi vouloir tout bouleverser si ce n’est pour des calculs politiques à moyen terme ? », s’interroge-t-il, avant de proposer plutôt un renforcement des prérogatives de la CENA existante.

Cette position est partagée par l’expert électoral Valdiodio Ndiaye qui, dans une interview publiée en avril dans Sud Quotidien, rappelait que le modèle de CENI trouve son origine dans les conférences nationales africaines des années 1990, à une époque de transition démocratique. Il plaide pour une modernisation des organes électoraux et suggère la création d’une “haute autorité électorale” ou d’une “délégation générale aux élections”.

Même son de cloche chez Frédéric Kwady Ndecky. Cet autre expert électoral estime, dans les colonnes du même quotidien, qu’améliorer le dispositif électoral sénégalais ne passe pas nécessairement par le remplacement de la CENA.

Alors que les débats s’annoncent animés à Diamniadio, cette question pourrait bien cristalliser l’attention, révélant les tensions sous-jacentes entre volonté de réforme et préservation des équilibres politiques.