NETTALI.COM - Attrait en justice par la Société nationale de gestion et d’exploitation du patrimoine bâti de l’État (Sogepa), l’ancien ministre de l’Intérieur, Mbaye Ndiaye, a comparu hier devant la Chambre correctionnelle du Tribunal de Dakar. Il nie toute dégradation et affirme avoir investi des millions dans la rénovation de la villa qu’il occupait.
L’ancien ministre de l’Intérieur, Mbaye Ndiaye, s’est présenté ce vendredi matin à la barre de la Chambre correctionnelle du Tribunal de grande instance de Dakar. Il y a répondu à une plainte déposée par la Société nationale de gestion et d’exploitation du patrimoine bâti de l’État (Sogepa), qui l’accuse d’avoir restitué une villa de fonction dans un état de délabrement avancé.
Devant les journalistes, Mbaye Ndiaye a vigoureusement rejeté les griefs formulés à son encontre. À sa sortie de l’audience, il a affirmé avoir injecté près de 200 millions de francs CFA pour rénover la demeure, soulignant qu’à son arrivée, le bâtiment ne disposait que de trois chambres, contre quinze après les travaux qu’il aurait lui-même financés.
Un contentieux né d’un audit post-alternance
Cette affaire trouve son origine dans un audit des biens de l’État conduit après l’alternance politique de mars 2024. Les contrôleurs mandatés ont constaté, selon la Sogepa, des dégâts matériels estimés à plus de 50 millions de francs CFA, qu’ils attribuent à l’absence d’entretien et à des dégradations imputables à l’ancien occupant. La société étatique pointe notamment des détériorations majeures et des aménagements effectués sans autorisation préalable.
Face à ces accusations, Mbaye Ndiaye défend une toute autre version. « J’ai trouvé une maison dans un état vétuste et j’ai pris l’initiative de la réhabiliter à mes frais », a-t-il martelé devant les journalistes, à la sortie de l’audience.
Un procès renvoyé en juillet
Prévue pour l’ouverture des débats, l’audience d’hier a finalement été renvoyée au 24 juillet prochain pour les plaidoiries. Un report qui permettra aux parties d’affiner leurs argumentaires dans cette affaire sensible, qui relance le débat sur la gestion et la restitution des biens de l’État par les anciens responsables publics.
Le procès de Mbaye Ndiaye s’inscrit dans une vague de procédures engagées ces derniers mois par l’État pour récupérer et réhabiliter son patrimoine immobilier, souvent laissé dans un état dégradé après le départ des occupants. Plusieurs personnalités politiques et ex-hauts fonctionnaires seraient dans le viseur des services de contrôle.
Si le dossier reste pour l’instant traité sur le plan judiciaire, certains observateurs n’excluent pas une lecture politique de l’affaire, Mbaye Ndiaye ayant été un proche collaborateur de l’ancien président Macky Sall et une figure de l’Alliance pour la République (APR).
Le verdict attendu en juillet pourrait avoir des répercussions autant sur l’image de l’ancien ministre que sur la campagne de moralisation de la gestion publique engagée par les nouvelles autorités.