NETTALI.COM - Inculpé pour association de malfaiteurs, escroquerie portant sur des deniers publics et blanchiment de capitaux, l’ancien ministre du Développement industriel et des PME, Moustapha Diop, a passé sa première nuit en détention préventive ce 22 mai 2025. En cause, la gestion controversée d’un lot de 6,25 millions de masques achetés sur fonds Covid-19, estimé à 931 millions de FCFA. Malgré ses dénégations, la Haute Cour de Justice a rejeté sa demande de liberté provisoire sous bracelet électronique.

La reddition des comptes autour des fonds Covid-19 continue d’éclabousser d’anciens dignitaires du régime déchu. Dernier en date : Moustapha Diop, ex-ministre du Développement industriel et des Petites et Moyennes Industries et maire de Louga. L’ancien membre du gouvernement a été placé sous mandat de dépôt le 22 mai 2025 par la commission d’instruction de la Haute Cour de Justice.

Selon nos informations, Moustapha Diop est poursuivi pour des chefs d’inculpation lourds : association de malfaiteurs, escroquerie portant sur des deniers publics et blanchiment de capitaux. L’affaire concerne un lot de 6,25 millions de masques destinés à la riposte contre la pandémie de Covid-19, pour un montant global estimé à 931 millions de FCFA.

Des accusations fermement contestées

Assisté par un collectif d’avocats composé de Mes Bourso Pouye, Baboucar Cissé, Omar Youm, Seyni Ndione et Mamadou Guèye Mbow, Moustapha Diop a catégoriquement nié toute implication dans la gestion financière de ce dossier. « Je n’ai jamais été administrateur de crédits ni ordonnateur de dépenses », a-t-il martelé devant le juge, soulignant que ce sont les services compétents de son ministère qui avaient en charge le projet.

L’ancien ministre a ajouté que l’ensemble des masques commandés avaient été effectivement fabriqués, livrés et payés aux fournisseurs. Il a présenté au juge d’instruction une liste des bénéficiaires et des justificatifs de paiement, précisant qu’à aucun moment il n’a été partie prenante dans l’utilisation des fonds.

Le mystère des masques manquants

Le juge a toutefois pointé une incohérence majeure dans le dossier : sur les 6,25 millions de masques commandés, seuls 3 millions auraient été distribués selon les pièces du dossier. Une divergence à laquelle Moustapha Diop a opposé des éléments justificatifs, certifiant que l’intégralité des commandes avait bien été remise aux structures sanitaires et institutions bénéficiaires.

Liberté provisoire sous bracelet rejetée

La défense a sollicité une libération provisoire sous contrôle judiciaire, soutenant qu’un des fournisseurs impliqués avait déjà consigné les montants querellés, ce qui réduirait, selon eux, les risques de préjudice pour l’État. Mais le juge a refusé cette demande, jugeant que le cautionnement consigné ne pouvait s’étendre aux autres parties citées dans le dossier.

Selon nos informations, l’ex-ministre Moustapha Diop été surpris par l’ampleur des chefs d’inculpation retenus contre lui. Association de malfaiteurs, concussion, corruption, prise illégale d’intérêts, faux et usage de faux, détournement de deniers publics, escroquerie et blanchiment de capitaux figurent parmi les accusations portées par le parquet.
Moustapha Diop croyait pouvoir s’appuyer sur la caution de 930 millions FCFA versée par le patron de Sokamousse – principal acteur du dossier financier initial – pour éviter la détention. Mais, contrairement à ce dernier, il n’a pas obtenu la liberté sous caution, les juges estimant que les charges additionnelles étaient trop lourdes pour justifier une remise en liberté.

Accusations politiques selon la défense

L’avocat Me Baboucar Cissé a vivement dénoncé ce qu’il considère comme un « règlement de comptes politique » dirigé contre son client, devenu, selon lui, une cible dans la vague de reddition des comptes engagée par les nouvelles autorités.

En attendant, Moustapha Diop a passé sa première nuit en prison et devra désormais attendre le traitement de sa demande de mise en liberté provisoire ainsi que les suites de l’enquête.