NETTALI.COM - Initialement prévue pour le premier semestre de 2024, puis au dernier trimestre de 2024, la mise en exploitation de la première phase du champ gazier Grand Tortue Ahmeyim (Gta), que le Sénégal partage avec la Mauritanie, risque un nouveau report pour des problèmes techniques.
Dans le développement des projets gazier et pétrolier, les choses ne se passent pas toujours comme elles ont été programmées. C’est un domaine où le calendrier des opérations n’est pas totalement maîtrisé, malgré la technologie de pointe utilisée pour un respect des délais contractuels. Le milieu pétrolier est un domaine très complexe et très pointilleux où chaque erreur technique se paie cash. Et avec des investissements très lourds, les opérateurs ne veulent pas prendre un risque qui pourra compromettre le projet. Le projet gazier Grand Tortue Ahmeyim (Gta) que le Sénégal partage avec la Mauritanie n’a pas fait l’exception. Le démarrage de la production de la phase 1 de Gta a connu des reports à répétition liés principalement à la crise sanitaire de la pandémie de Covid-19. D’abord annoncée pour 2022, ensuite différée à 2023, puis au premier semestre de 2024, la mise en exploitation de la première phase du champ gazier de Gta a été reportée au troisième trimestre de 2024.
L’annonce de ce report a été faite officiellement, le 19 janvier 2024, par les ministres en charge du Pétrole du Sénégal et de la Mauritanie, dans un communiqué conjoint. Le ministre du Pétrole, de l'énergie et des mines de la République Islamique de Mauritanie et son homologue sénégalais (Antoine Félix Diome ancien ministre du Pétrole et des énergies du Sénégal), accompagnés de leurs collaborateurs respectifs, avaient tenu des réunions de travail les 18 et 19 janvier 2024 à Dakar, dans le cadre du suivi conjoint du développement des ressources gazières du champ Grand Tortue Ahmeyim (Gta) à travers la Commission consultative de Gta.
Ces réunions de concertation permanente entre les deux pays avaient permis d'évaluer l'impact global du retard enregistré dans l'exécution du projet et des augmentations de coûts annoncées. «En application des instructions des chefs d'Etat du Sénégal et de la Mauritanie et en conformité avec leur parfaite convergence de vue, les deux ministres ont réaffirmé leur détermination constante à œuvrer pour la réussite du projet, à garantir les droits des contractants et à préserver les intérêts de leurs nations en lien avec le projet Gta, dont le démarrage de la production du gaz est désormais projeté au cours du troisième trimestre de 2024», avait précisé le communiqué conjoint des deux ministres. L’année 2024 tire à sa fin et le projet Grand Tortue Ahmeyim va vers un nouveau report pour le démarrage de sa production.
«C’est une situation qui arrive dans les projets pétroliers et gaziers», confie une source au cœur du projet. Non sans expliquer que le projet de Grand Tortue Ahmeyim est très complexe et pour éviter de prendre un risque qui peut compromettre le projet dans l’avenir, l’opérateur veut avoir toutes les garanties avant de lancer le démarrage de la production. «L’opérateur Bp a investi beaucoup d’argent dans ce projet, donc il ne va pas prendre de risque. Il va faire tous les tests d’essai nécessaire, il faut qu’il s’assure que tout marche normalement et qu’il n’y a aucun risque d’accident pour démarrer la production. Ce report est lié à des problèmes techniques avec la liquéfaction du gaz. Il faut donc régler ce problème de compatibilité avant de démarrer la production», fait savoir un haut cadre de la société des pétroles du Sénégal (Petrosen).
Grand Tortue Ahmeyim (Gta) est un projet offshore à cheval entre le Sénégal et la Mauritanie, qui est l'un des développements en eaux profondes les plus profonds d'Afrique, avec des ressources gazières à des profondeurs d'eau allant jusqu'à 2 850 mètres. Une fois pleinement mise en service, la Phase 1 du projet Gta devrait produire environ 2,3 millions de tonnes de Gnl (Gaz naturel liquéfié) par an.