NETTALI.COM - Choguel Maïga n'est plus Premier ministre du Mali. Le décret annonçant son limogeage et celui de son gouvernement vient d'être lu à la télévision nationale par Alfousseyni Diawara, secrétaire général de la présidence de la République. Selon la presse malienne, il lui est reproché un "discours incendaire" tenu le 16 novembre dernier contre la junte  dirigée par le général Assimi Goïta. 

Le Mali est sans gouvernement. Conséquence d'un décret signé par Assimi Goïta, président de la transition, mettant fin aux fonctions du Premier ministre Choguel Maïga. Ce dernier avait été nommé en juin 2021, après le second coup d'État militaire. La précédente équipe - le président Bah N'Daw et le Premier ministre Moctar Ouane - avait tenté d'écarter certains colonels putschistes du gouvernement, ce qui avait provoqué cette "rectification de la Transition", selon l'euphémisme officiel. Choguel Maïga, qui dénonçait jusqu'alors "un régime militaire déguisé", choisit de prendre sa part du pouvoir et accède à la Primature. Mais en dépit de certaines déclarations fracassantes, comme le fameux "abandon en plein vol" qui visait la France à la tribune des Nations unies - à peine trois mois après sa nomination -, Choguel Maïga n'exerce pas réellement le pouvoir. Ses relations avec les colonels, récemment promus généraux, se dégradent progressivement. Depuis un an, la tension était montée d'un cran et en mai, l'un de ses proches collaborateurs avait même dénoncé cette éviction du pouvoir. Ce qui lui avait valu d'être emprisonné et condamné pour "atteinte au crédit de l'État".

Choguel Maïga, limogé, devrait poursuivre sa stratégie et tenter de se repositionner en opposant, dans la perspective d'éventuelles futures élections. Mais il lui sera difficile de convaincre, après trois ans et demi au service du régime. Il peut aussi désormais redouter la Justice de la Transition : ces derniers jours, les organisations pro-junte l'ont accusé de "haute trahison" et de "déstabilisation". Choguel Maïga pourrait à son tour être visé par des poursuites judiciaires, voire même mis en détention de manière préventive, ce qui l'empêcherait de s'exprimer et de mener ses activités politiques. Comme avant lui de nombreuses figures de la politique malienne, toujours détenus.

(Source: Rfi.fr)