NETTALI.COM - Mardi 12 novembre, plusieurs voix se sont élevées pour dénoncer les violences observées à Saint-Louis ainsi que les appels à la violence dans le cadre de la campagne électorale pour les prochaines Législatives.
La violence prend de l’ampleur à la vitesse grand V. Une vidéo qui circule montre des individus masqués, portant des armes blanches s’attaquant à des personnes dans un magasin. Ils poursuivent leurs victimes à l’intérieur du lieu de commerce et les blessent. Un homme est poignardé au bras, des articles sont emportés. Ousmane Sonko attribue ces attaques au camp de Barthélemy Dias. Il l’accuse de fomenter des attaques contre ses militants depuis le début de la campagne.
Avant-hier, appelant ses derniers à riposter, il a annoncé la fin de la campagne pour le maire de Dakar. “On a été attaqués à trois reprises… C’est fini pour eux. Barthélemy Dias ne battra plus campagne dans ce pays. Laisser nos militants se faire poignarder, je ne l'accepterai pour personne”, a-t-il prévenu.
Un appel vivement dénoncé par les autres acteurs de l’opposition. C’est le cas du juge Dème qui a tiré à boulets rouges sur la tête de liste de Pastef. “Les propos dangereux et irresponsables qu’il (Ousmane Sonko) a tenus hier (avant-hier) à Rufisque interpellent toute personne attachée à la paix, à la démocratie et à la justice. En effet, comment comprendre qu’un chef de gouvernement d’une République comme le Sénégal demande qu’une justice privée puisse se substituer à la justice de l’État, même en cas de faillite de celle-ci ?”, a-t-il pesté.
L'appel d’Amadou Ba
Depuis Matam, l’ancien Premier ministre a publié une note intitulée “Déclaration de Matam pour la paix”. Amadou Ba dit se sentir interpellé face à la vive tension qui sévit au Sénégal à quelques jours du scrutin législatif, en tant qu'homme politique, en tant que chef de l’opposition, en tant que tête de file de la coalition Jàmm ak Njarin et en tant que simple citoyen soucieux du devenir de cette nation. Il souligne que la protection des vies et de la liberté d’expression des citoyens doit être une priorité absolue.
Ainsi, il lance un appel au calme et à la retenue à l’attention des acteurs politiques. “Il est de notre responsabilité individuelle et collective de nous respecter, de défendre nos idées avec élégance dans leur pluralité et de bannir à jamais les affrontements physiques dans l’espace politique. Les Sénégalais, qui traversent des moments difficiles avec la conjoncture, attendent plus de solutions concrètes à leurs problèmes que des discours va-t’en guerre de certains protagonistes aux conséquences incalculables”, a déclaré Amadou Ba.
La tête de liste de poursuivre : “cette campagne électorale doit se terminer dans la paix, la sérénité et le respect mutuel, afin de permettre à chaque citoyen d’exprimer librement son opinion et de participer pleinement à ce moment démocratique en toute sécurité et transparence.”
Pour lui, ces élections législatives anticipées doivent être un temps fort de débats d’idées et de propositions de solutions pacifiques. “Or, ces derniers jours, nous avons malheureusement été témoins de scènes inacceptables de violences verbales et physiques qui n’augurent rien de bon pour notre cher pays. Ce n’est ni la voie de l’unité ni celle du progrès, encore moins celle de la paix et de la cohésion”, a-t-il regretté. Non sans rappeler les stigmates des violents événements survenus entre juin 2021 et l’élection présidentielle de février 2024. “Notre pays a été suffisamment traumatisé, dans un passé récent, par une série de violences. Nous ne devons donc, en aucun cas, laisser ce cycle infernal se répéter. Il est crucial de préserver la paix et la stabilité, non seulement pendant cette campagne, mais pour toujours. Dès lors, je condamne vigoureusement toute forme de violence”, a indiqué Amadou Ba, qui invite les autorités, le président de la République en premier, à prendre toutes les mesures nécessaires pour garantir la sécurité de tous les citoyens sans distinction aucune et de leurs biens.
CNDHS déplore d’abord les agressions perpétrées à l'encontre de “militants politiques”
La Commission nationale des Droits de l'homme du Sénégal (CNDHS) a également exprimé sa “profonde inquiétude” face aux violences survenues à Saint-Louis dans le cadre de la campagne électorale. Pour sa part, la CNDHS déplore d’abord les agressions perpétrées à l'encontre de “militants politiques” ainsi que l'usage d'armes blanches dans ces affrontements, qui vont à l'encontre des principes fondamentaux des Droits de l'homme et de la sécurité humaine.
Elle note que “toute tentative de recours à la violence pour imposer ses opinions ou dissuader ses adversaires constitue une violation grave des droits des citoyens à la sécurité, à la liberté d'expression et à la participation politique”.
Par ailleurs, la CNDHS salue les mesures prises par le ministère de l'Intérieur pour prévenir et sanctionner les actes de violence, notamment l'interdiction temporaire du port d'arme et la vigilance accrue des forces de l'ordre. Elle encourage tous les acteurs politiques à adopter une attitude responsable et à privilégier le dialogue pour préserver la stabilité et la cohésion nationale.
En outre, la CNDHS rappelle aux autorités “la nécessité de mener des enquêtes impartiales sur tous les incidents rapportés afin de traduire en justice les responsables de ces violences”.
Les commerçants expriment leur indignation
L'Association des commerçants et industriels du Sénégal (Acis) a également exprimé sa plus vive indignation, à la suite des violences qui ont eu lieu récemment au marché Sor de Saint-Louis, dans le cadre de la campagne législative en cours. Elle estime que les commerçants sont visés dans la campagne électorale. “Cette attaque, qui a visé nos commerçants et leurs biens, constitue une grave atteinte à la sécurité des travailleurs du secteur informel et à la tranquillité des citoyens qui, chaque jour, participent activement à la vie économique de notre pays”, a-t- elle regretté.
“Des groupes de personnes ont pris pour cible les commerçants du marché Sor de Saint-Louis, créant des scènes de chaos et de violence. Plusieurs étals ont été saccagés, des biens ont été détruits et certains commerçants ont été gravement blessés. Cet acte barbare et insensé a non seulement perturbé les activités économiques du marché, mais a aussi plongé dans la peur des dizaines de familles qui dépendent de leur commerce quotidien pour vivre dignement”, a poursuivi l’Acis.
Elle condamne ces violences, qu'elles soient d'origine politique ou autre. Elle appelle à la protection des commerçants et au respect de la paix sociale. “Nous appelons les autorités locales et nationales à prendre toutes les mesures nécessaires pour garantir la sécurité des commerçants et protéger leurs biens. Il est urgent que des mesures de prévention soient mises en place pour éviter que de tels actes de violence ne se reproduisent”, réclame l’Acis qui exige également des enquêtes pour déterminer les responsables de cette attaque.