NETTALI.COM - La sortie, le 26 septembre, du Premier ministre et d'une partie du gouvernement sur l'état des finances publiques a trouvé un droit de réponse. Ce dernier, donné le dimanche 6 octobre, vient naturellement de l'APR, l'ancien parti au pouvoir.
Comme l’on pouvait s'y attendre, l’Alliance pour la République (APR) a répondu aux accusations du gouvernement sur l'état des finances publiques. “Il est profondément regrettable de constater que des propos irresponsables tenus lors de cette conférence du 26 septembre ont laissé entendre que le gouvernement sortant aurait manipulé des chiffres et/ou falsifié des données dans le cadre de sa gestion couvrant la période 2019-2023. Ces insinuations, qui évoquent des détournements massifs de ressources publiques, au-delà de leur caractère manifestement dénué de tout fondement, sont nuisibles à la crédibilité de nos institutions qu’un dirigeant sérieux se devait de préserver”, souligne le Secrétariat exécutif national de l'APR, dans une note rendue publique.
En effet, l’ancien parti au pouvoir fustige le modus operandi du Premier ministre et de son gouvernement qui, “de manière peu élégante et péremptoire, incriminent, de façon arbitraire, d’anciens ministres en charge des finances publiques sur la base d’un simple rapport provisoire qu’ils n’ont ni vu ni discuté, n’étant pas en mesure d’en apprécier la valeur ou de répondre”.
L'APR conteste, ainsi, de “grossières affirmations” qui, selon elle, renvoient juste à “l’incompétence de leurs auteurs et leur ignorance des règles qui gouvernent les finances publiques”.
“La Cour des comptes est l’unique juridiction compétente pour évaluer la régularité des comptes”
L'APR regrette, par ailleurs, que le Premier ministre ait voulu se substituer à la Cour des comptes dans cet exercice d'appréciation des finances publiques de manière si précipitée. “Le Premier ministre n’a eu aucun scrupule à se prononcer publiquement sur les résultats d’un rapport provisoire d’audit sur les finances publiques – une matière d’une complexité notoire – avant même que la Cour des comptes ne donne son avis sur ledit rapport”.
Ainsi, à en croire le parti de Macky Sall, “il est donc inacceptable que des jugements soient portés sans attendre la certification de la Cour des comptes, qui dispose d’un délai de trois mois pour valider les conclusions d'un tel document. Il est important de rappeler que la Cour des comptes est l’unique juridiction compétente pour évaluer la régularité des comptes et le bon usage des fonds publics”.
En outre, l'APR, toujours dans cette optique de contredire les propos du PM, estime que “la Cour des comptes ne se prononcera sur le rapport provisoire susvisé qu’après l’avoir soumis aux acteurs concernés, notamment les anciens ministres des Finances pour la période considérée, afin de recueillir leurs observations, dans le respect du principe du contradictoire, avant de rendre ses conclusions”.
Le coup porté à l'Administration
En outre, l'APR s’insurge contre le discrédit porté à l'ensemble de l'Administration sénégalaise après cette sortie du 26 septembre. “Nous constatons également un manque de respect flagrant envers l’administration de l’économie et des finances publiques. Il est inacceptable, en effet, que des accusations soient portées sans preuves tangibles, mettant ainsi en péril la confiance du public envers nos institutions”.
Les “apéristes”, de mettre en garde : “En croyant s’attaquer à des ministres qui ont accompli leur exaltante mission dans le respect de l’intégrité de notre système financier et budgétaire, qui repose essentiellement sur la transparence et le respect des normes en vigueur, Monsieur Ousmane Sonko a avili l’image du Sénégal et déshonoré la République. Il est seul et unique responsable de la dégradation de la notation du Sénégal et des conséquences dramatiques qui s’en suivront.”
Accentuant davantage les remontrances à l'endroit du gouvernement Sonko, l’APR invite le PM à “faire preuve de responsabilité et de retenue dans ses déclarations insensées et maladroites qui engagent la crédibilité, l’image et la réputation du Sénégal, construites avec vigueur, méthode et constance par de grands hommes d’État”.
Dans leur réplique, les “apéristes” ont aussi voulu rappeler au nouveau régime les vraies questions de l'heure qui méritent le maximum d'attention. “Au moment où les coupures d’électricité refont surface, l’économie est en repli, la croissance recule, le chômage progresse constamment, la migration clandestine refait surface, le logement est inaccessible, les prix des denrées de première nécessité flambent, la cohésion sociale est menacée et les libertés fondamentales, dont la liberté de se déplacer, sont bafouées, le Sénégal a plus que jamais besoin d’un débat public sain, de messages des dirigeants basés sur la vérité et d’analyses rigoureuses, avec un seul dessein : prendre en charge correctement les attentes légitimes du peuple”