NETTALI.COM - Le Sénégal affronte ce lundi le Burundi, dans le cadre des éliminatoires de la Can Maroc-2025. Pour le sélectionneur Aliou Cissé, ce match a déjà les allures d’une épreuve de vérité, tant la défiance est grande au sein des supporters des Lions. Une nouvelle contre-performance pourrait le mettre dans une situation très inconfortable.

Le 6 février 2022, Aliou Cissé faisait une entrée fracassante au panthéon du football sénégalais. En tant que premier sélectionneur à conduire l'équipe nationale du Sénégal vers son tout premier sacre continental, il marque ainsi de manière indélébile le sport sénégalais de façon plus globale.

Mais depuis lors, entre des choix tactiques discutables, un jeu à la limite stéréotypé, sans cette dose de créativité et des résultats assez décevants, le désamour s'est petit à petit installé entre Aliou et les supporters. Dans le camp des inconditionnels, on réclame de plus en plus le divorce.

Cependant, le coach a toujours la confiance de la fédération et le match de ce lundi pourrait peut-être aider à endiguer puis réparer cette cassure. Mais il faudra d'abord gagner et avec la manière.

Le dernier match Sénégal-Burkina Faso, par le résultat, mais surtout par le système de jeu mis en place, a été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase. Les supporters souhaitent plus que jamais avoir du sang neuf, une

nouvelle façon de faire, peut-être plus audacieuse, à la tête de la sélection. Le commentaire de Médoune Diop sur la page Les Ultras Sénégalais en dit long sur le sentiment qui anime les uns et les autres : “Je l'ai dit et redit : Aliou Cissé est un entraîneur qui n'a pas de projet de jeu. Ses changements se transforment tou- jours en bourdes. Lire un match est son vrai problème. Garder le ballon et tourner en rond, ce n'est pas du jeu. Son système à trois défenseurs qu'il veut forcer coûte que coûte le dépasse. Cette équipe manque de concentration et de maîtrise dans le jeu. Nous avons besoin de fraîcheur sur le banc, d'un coach qui a un projet de jeu clair, un stratège avec un système précis.”

Tel joueur, tel entraîneur

Dans sa carrière de footballeur, Aliou Cissé a joué comme défenseur, mais aussi comme milieu de terrain défensif. Aujourd'hui, le sélectionneur entraîne comme il a jadis joué en équipe nationale ou en club, notamment au Paris Saint-Germain. Cissé mise d'abord tout sur la solidité derrière. L'ancien capitaine de l'équipe nationale peut facilement

aligner pas moins de sept joueurs à vocation défensive. Ainsi, même si Kouyaté, Nampalys ou encore Gana Guèye, dans une moindre mesure, ont su apporter une certaine sérénité à l'équipe durant les cinq dernières années, ils n'ont pas toujours été des maîtres à jouer, ces joueurs capables de faire cette passe qui casse les lignes, réguler le jeu, confisquer la balle quand il le faut.

Aujourd'hui, le problème est que cette sécurité défensive, qui est sa marque de fabrique, s'étiole de match en match. Les deux derniers buts encaissés en fin de rencontre contre la République démocratique du Congo et le Burkina Faso illustrent assez parfaitement les limites d'un système ultra défensif.

Mais selon Aliou Cissé, ce n'est pas une question d'un système qui aurait atteint ses limites. “Depuis dix ans, on a toujours changé de sys- tème. J'ai commencé avec un 4-2-3- 1, on a joué en 4-3-3 puis en 4-4-2. Comme je le dis, j'ai des joueurs aujourd'hui capables de jouer dans n'importe quel système par ce que ce sont de grands joueurs (...). Est-ce qu'aujourd'hui les profils sont là pour jouer dans ce système. Je dis oui.”

Deux années de trop

Aliou Cissé est à la tête de l'équipe A depuis mars 2015. En presque une décennie comme chef d'orchestre, le sélectionneur a disputé quatre Coupes d'Afrique des nations (2017, 2019, 2021 et 2023) et deux Coupes du monde (Russie-2018 et Qatar-2022). Globalement, le technicien a un bilan salutaire. Sans oublier que c'est le seul coach sénégalais vainqueur d'une Can.

Mais il semble que le technicien effectue au moins deux années de trop à la tête de la Tanière. Les discours ont du mal à passer et les adversaires, à force de l'affronter, ont su développer des stratégies pour contrer ses équipes. En conférence d'avant-match, le coach a voulu quand même rassurer les fans : “Je pense qu’il faudra attendre qu’on termine ces matchs-là pour parler de technique et de tactique. Les joueurs ont les profils pour jouer dans ce système. Ismaila Sarr a le profil pour jouer piston gauche, c’est un athlète de haut niveau, tout comme Habib Diarra en tant que piston droit. Kalidou Koulibaly est un défenseur central, donc il peut jouer dans ce système. Depuis 10 ans, on a toujours changé de système. J’ai des joueurs qui sont capables de jouer dans n’importe quel système”.

Cissé, parfait bouc émissaire

Dans le football, à l'instar des autres sports collectifs, les entraîneurs font figure de boucs émissaires, quand les choses vont moins bien. Aliou n'échappe pas à cette règle qui rappelle un peu la cruauté du haut niveau.

Même si le coach convoque sa liste et concocte ensuite l'équipe des onze joueurs qui doivent en découdre, il ne foule pas le terrain. En dehors des ajustements tactiques et des changements à effectuer, Mourinho, Zidane et bien sûr Aliou Cissé, etc., ne vont pas plus loin.

Tout ça pour dire que les coaches sont parfois accusés à tort. Par exemple, si les attaquants manquent d'efficacité devant les buts pour tuer tout suspense dans une rencontre, il faut chercher quelqu'un d'autre à mettre sur le banc des accusés.

En outre, le dernier exemple du match contre le Burkina Faso, avec ce but encaissé au bout du temps additionnel, est de nature à dédouaner le coach.

Toujours est-il que le technicien sénégalais tient à se “racheter” dès ce lundi, comme il le laisse entendre : “Je prépare toujours chaque match avec beaucoup de détermination, d’abnégation et avec les efforts nécessaires pour gagner. Cela n’a jamais changé. On prépare ce match de la même façon qu’on a préparé le match contre le Burkina Faso. C’était une contre-performance, mais on a la possibilité de rectifier le tir contre le Burundi, qui est une très bonne équipe et qui nous donnera certainement les réponses nécessaires. Je connais ce peuple burundais, ce sont de vaillants soldats.