NETTALI.COM - Le président de la République, Bassirou Diomaye Diakhar Faye, s’est rendu le samedi 20 avril en Gambie, pour une visite de travail. Son second déplacement à l’étranger depuis son arrivée au pouvoir. Une visite destinée à consolider les liens historiques avec ce pays voisin.

«Ce déplacement revêt une importance d’autant plus capitale qu’il s’inscrit dans le cadre de la consolidation des liens historiques de parenté et de coopération multiforme entre Dakar et Banjul », souligne le bureau d’information gouvernementale (BIG).

Cette visite illustre «la ferme volonté du Chef de l’Etat de poursuivre le renforcement des relations de bon voisinage et de brassage socio-culturel entre notre pays et ses voisins immédiats’’, poursuit le BIG.

Il souligne que les deux pays forment «une seule et même famille » et étaient réunis dans la Confédération de la Sénégambie (1982-1989). Il y a aussi qu’ils « sont liés par la géographie, l’histoire, la culture, mais aussi un destin commun’’.

Ainsi, « leur coopération touche des domaines aussi stratégiques que la défense, la sécurité, la justice, les affaires consulaires, la libre circulation des personnes et des biens, le tourisme, l’énergie et l’environnement, etc.’’, rappelle le BIG.

« Au plan commercial, la Gambie figure sur la liste des principaux clients du Sénégal dans la zone CEDEAO en 2022, avec des exportations estimées à 110,7 milliards FCFA, soit 8,7% des exportations intra-communautaires.’

Avant la Gambie, le président Faye s’est rendu à Nouakchott, jeudi dernier, pour sa première sortie du territoire national, depuis son élection à la tête du Sénégal, le 24 mars.

Cette visite en Gambie constitue “une opportunité pour les deux chefs d’Etat d’échanger autour de questions qui intéressent essentiellement l’éradication du trafic illicite [de bois] dans le sud du pays, en vue du retour d’une paix durable en Casamance”, estime Lamine Coly, le chef du village de Couram. Cette localité est située dans le département de Bignona, à la lisière de la frontière avec la Gambie.

Pour le coordonnateur de l’Initiative pour la réunification des ailes politiques et armées (IRPA) du Mouvement des Forces démocratiques de Casamance (MFDC), «  il ne s’agit pas pour les présidents Faye et Barro de réinventer la roue”.

“Il est plutôt attendu d’eux des actes qui consolident la paix en accompagnant et encourageant le processus enclenché par Diakaye [NDRL : état-major du front nord du MFDC] il y a plusieurs mois”, a-t-il dit.

Le professeur Nouha Cissé, un des observateurs les plus avertis du conflit en Casamance fait une analyse contextuelle au détour d’un rappel historique du rôle joué par la Gambie dans l’évolution de la crise en Casamance. Il extrait cette visite du registre du hasard et l’inscrit de fait dans le cadre des réalités géopolitiques et géostratégiques liant les deux pays, l’une d’elles étant liée à l’incrustation de la Gambie dans le Sénégal.

“Les deux pays, fatalement liés par l’histoire, la géographie, la sociologie, sont condamnés à développer une franche collaboration dans l’intérêt de leurs peuples respectifs, en réalité restés culturellement et sociologiquement un et un seul peuple”, a soutenu M. Cissé.

La Casamance, séparée du nord du Sénégal par la Gambie, est le théâtre d’un des plus vieux conflits d’Afrique depuis que des indépendantistes ont pris le maquis après la répression d’une marche en décembre 1982.

Après avoir fait des milliers de victimes et ravagé l’économie de cette région, le conflit a continuellement baissé en intensité.

Au moins 250 combattants du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC) ont déposé les armes, le 13 mai 2023, lors d’une cérémonie organisée à Mongone, une localité du département de Bignona, qui abritait par le passé une importante base du mouvement irrédentiste.