NETTALI.COM - Les candidats recalés lors du processus du parrainage comptent poursuivre leur croisade pour une révision du processus électoral. Après avoir adressé une lettre au chef de l’État, ils seront reçus en audience ce mercredi après-midi 24 janvier pour y exposer leurs griefs concernant tout le processus électoral. Une audience qui suscite des interrogations, avec en toile de fond, des soupçons sur un éventuel report. 

Le président Macky Sall reçoit ce mercredi, au palais de la République, un groupe de candidats recalés à l’issue du processus de parrainage très décrié par le collectif des candidats "spoliés". L’identité des candidats qui vont être reçus, n’a toutefois pas pour l'heure été révélée, même si Aminita Touré a déjà annoncé qu'elle n'y serait pas.

Une audience au cours de laquelle, la délégation des candidats recalés devrait rappeler au chef de l’État le contenu de la correspondance à lui adressée le 17 janvier dernier.

"Votre concours pour le rétablissement des candidats invalidés lors dudit contrôle. En effet, la présente vous est adressée au regard de vos prérogatives ès qualités de clé de voûte’ des institutions et de président du Conseil supérieur de la magistrature", disait la lettre.

Une correspondance qui a toutefois fait l’objet d’une polémique dès son évocation, car le leader de l’ex-Pastef, Ousmane Sonko, s’était empressé depuis la prison du Cap Manuel de faire un démenti, niant toute implication dans cette initiative, alors que l’exemplaire de la lettre qui a circulé mentionnait sa signature.

Une affirmation qui n'était pas passée du côté du collectif des recalés du parrainage puisque ces derniers avaient aussi indiqué avoir informé le maire de Ziguinchor, que même le directeur de l’école du parti, Moustapha Sarré, a apposé sa signature au bas de cette lettre envoyée au chef de l’État.

Selon nos informations, l’objet de la rencontre devrait tourner autour du processus électoral, mais sans que l'on puisse avec exactitude ce qu'il va en advenir du reste, d’autant plus que le Conseil constitutionnel a livré son verdict en établissant une liste de vingt candidats qualifiés pour le scrutin.

A noter toutefois que l’idée d’un report du scrutin a été longuement agitée ces derniers temps, sans que le gouvernement remette en cause le calendrier électoral établi depuis des mois.

"La non-disposition du fichier général des électeurs consolidé de 2023 par la Commission électorale nationale autonome (Cena) ; la non- fiabilité, voire la non-mise à jour du fichier général des électeurs, base de contrôle des parrainages des candidats, au regard du nombre excessif de rejets principalement constitués d’électeurs primo-votants, détenteurs de leurs cartes d’électeur délivrées en bonne et due forme par le ministère de l’Intérieur", ont aussi précisé les signataires dans leur lettre.

Les candidats recalés ne manqueront pas aussi de soulever la question du logiciel de contrôle des parrainages qui présente des défaillances techniques sur le déversement et l’intégrité des données.

Le report de la Présidentielle toujours en toile de fond

Si l’initiative des candidats recalés était couronnée de succès, elle pourrait entraîner de facto un report de la Présidentielle. En outre, la révision du parrainage tant souhaité par les candidats recalés, pourrait augmenter le nombre de candidats (20). Ce qui risque de compliquer l’organisation du scrutin et la répartition du temps d’antenne dans les médias publics.

Ces derniers jours, la lancinante question du report a mis en avant un processus électoral biaisé qui ne garantit pas des élections libres et inclusives, surtout après l’introduction des nombreux recours.

Tandis que de leur côté, beaucoup d’opposants comme Khalifa Sall, qui dit s’opposer à tout report, craignent que le non-respect du calendrier républicain n’ouvre la voie à une sorte de transition indéfinie et crée une jurisprudence dangereuse pour les prochains régimes.

"On ne doit même pas penser à un report de la Présidentielle du 25 février 2024, parce que c'est nous tous qui avions donné notre accord sur le Code électoral. Donc, c'est anormal de parler de report", a déclaré l’ancien maire de Dakar, lors d’une tournée dans la région de Thiès.

Sans oublier les autres candidats membres de l’opposition non-signataires comme Anta Babacar Ngom, Pape Djibril Fall qui ne sont pas membres du collectif.

Le démarrage effectif de la campagne électorale prévue le 3 février prochain ne devrait pas faire baisser les tensions liées au processus électoral. La problématique du contrôle des parrainages a mis en lumière les défaillances sur le système électoral sénégalais, renforçant un peu plus la méfiance des acteurs sur tout le processus électoral.

Lors de la vérification des parrainages, l’opposition a dénoncé la non- présence de 900 000 électeurs sénégalais sur le fichier électoral. Une situation qui, d'après le collectif des recalés du parrainage, remet en cause la sincérité du scrutin.