NETTALI.COM - Cette vidéo virale montrant un maître coranique qui menace au couteau, une de ses élèves , a quelque chose d’incompréhensible et de choquant. Difficile en effet de savoir l’objectif de cet enseignant en brandissant un aussi grand couteau, en direction d’une si petite fille. Cela ne doit pas tourner bien rond dans sa tête. L’on a par la suite appris que le maître coranique est un jeune ressortissant gambien de 18 ans, employé d’un internat. Celui-ci, lors de son arrestation, a expliqué avoir cherché à « apeurer la petite fille qui passait son temps à jouer au lieu de se concentrer ». Une explication qui n’est d’ailleurs pas une surprise. L’on s’attendait en vérité à ce genre d’alibi. Mais difficile de savoir comment on peut confier une telle responsabilité à un aussi jeune homme de 18 ans qui manifestement, n’a aucune notion de pédagogie.

De même, dans cette affaire de la pouponnière « Yeurmandé » dans laquelle Ndella Madior Diouf la propriétaire, est finalement placée sous mandat de dépôt, l’on peut se poser la question de savoir comment tout cela a pu se produire. En effet, dans cette histoire de maltraitance d’enfants et de morts de bébés, les sources proches de l’enquête policière ont en effet renseigné que six (6) bébés y sont décédés durant le mois d’octobre 2023. La Sûreté urbaine a constaté dans ses enquêtes que Ndella Madior Diouf signait les actes de décès des enfants à travers sa structure "Sos Santé". L’on apprend dans la foulée que la chère Ndella qu’affectionnent tant certains médias, n’a pas terminé ses études de médecine et ne devait dès lors pas porter le titre de docteur et encore moins poser certains actes médicaux.

Elle est ainsi poursuivie pour traite de personnes, exercice illégal de la fonction de médecin, privation d'aliments ou de soins ayant entrainé́ la mort sans intention de la donner. Il lui est également reproché les infractions de mise en danger de la vie d'autrui, de non- assistance de personnes en danger, d'homicides involontaires, d'obtention indue de certificats aux fins d'inhumation et d'infractions aux lois sur les inhumations. Quant à ses employées, Awa Mbaye, Fanta Cissokho, Fatou Sène, Sadio Keita, Anta Sarr, Yacine Sow, elles ont bénéficié́ d’un contrôle judiciaire, alors que les 48 bébés recueillis, mal nourris et négligés en termes de prise en charge, ils sont placés à l'hôpital Gaspard Camara.

Tout ceci nous montre à quel point notre société est gangrenée par le laxisme et le manque de rigueur. Imaginez deux secondes cette femme médiatisée qu’est Ndella Madior Diouf qui expose aux yeux du public, des enfants recueillis par on ne sait quel moyen qu'elle baptise avec des noms de célébrités, sans que personne ne trouve à redire. Comme s’ils étaient de la marchandise ou des sortes de trophée de guerre à brandir !

Une affaire qui n’est pas sans rappeler celle de la crèche «La Cigogne bleue» à Sacré-Cœur3 à Dakar dans laquelle un enfant de 9 mois avait trouvé la mort.  Le certificat de genre de mort délivré à cet effet, indiquait que le bébé serait mort «à la suite d’une asphyxie secondaire» et qu’il y a «absence de signe traumatique et de trace de violence». En clair, l’enquête de la Sûreté urbaine avait révélé que la nourrice et le secouriste n’avaient pas les qualifications professionnelles requises ; que le bébé avait été nourri dans de mauvaises conditions. Ce qu’a confirmé la directrice de l’hôpital Albert Royer qui avait soutenu que l’alimentation en position de «décubitus dorsal» a causé la mort du bébé Dia. De plus, la crèche ne disposait d'aucune autorisation. La directrice avait dit avoir obtenu un récépissé de dépôt qui lui donne le droit d’exercer en attendant l’autorisation  définitive. Apparemment tel n’est pas le cas, l’enquête avait révélé que ce récépissé de dépôt qu’elle se serait procuré à l’Agence nationale de la petite enfance et de la case des tout-petits, ne  mentionnait nulle part un quelconque droit d’exercer en attendant une autorisation définitive.

L’on tombe des nues en découvrant toutes ces horreurs. Et il est en tout cas bien tard pour que ce démembrement du ministère de la femme, de la famille et de la protection de l’enfant se porte partie civile dans cette affaire qui n’aurait jamais dû en être une, si les contrôles nécessaires étaient faits. Pis, il a fallu que ce drame survienne pour que le gouvernement adopte, en conseil des ministres du mercredi 27 décembre 2023, un projet de décret fixant les conditions d’ouverture et les règles d’organisation et de fonctionnement des structures de prise en charge des enfants âgés de 0 à 3 ans non révolus.

Bref, tout cela ne nous apprend qu’une chose sur notre société, c’est que nos autorités ont démissionné de leur rôle de contrôle quant à l’exercice de certains métiers. Avouons tout de même qu’une société qui réserve un tel sort à ses enfants, mérite un « ndeup collectif » afin d’exorciser les démons qui conduisent certains de ses fils, dans certains travers.

D'autres secteurs n'échappent pas à la règle

Que l’on ne se trompe point, la gestion de structures qui accueillent du monde et vendent des services aussi bien publics que privés, doivent être soumises à des règles strictes. Qu’elles soient des crèches, des écoles maternelles, des pouponnières, des pharmacies, des cliniques, des internats, des écoles privées, etc Ces structures doivent remplir les conditions légales pour exister, et recruter des personnes détentrices de diplômes et de qualifications reconnues par l’Etat.

Ce qui est valable dans ces secteurs dédiés à l’enfance, l’est tout aussi dans d’autres secteurs tels que le transport. Un secteur également très sensible parce que requérant de la sécurité. Il mérite, signalons le au passage, pour les dégâts qu’il cause, une réorganisation complète, étant par excellence un secteur où n’importe qui pénètre et se croit permis d’exercer ce métier. Il est en effet devenu le réceptacle d’agriculteurs, produits de l’exode rural et de jeunes désœuvrés et d’étrangers devenus par la force des choses, des transporteurs de taxis et de motos « thiak thiak » (sans plaque, ni pièces administratives). Dans ce sous-secteur du transport, qu’est celui des motos, sont en effet nichés beaucoup de voleurs à la tire et d’agresseurs.

Un autre sous-secteur non sans problèmes, c’est celui des conducteurs de « clandos », de « war gaîndé » (spécialisé dans le transport inter-régionaux), grands adeptes devant l’éternel de la vitesse et du mépris du code de la route. L’on note aussi beaucoup d’indisciplinés et de jeunes qui conduisent de vieux camions de sable et de marchandises, tout juste bons pour la casse et qui gênent sans cesse la circulation avec leurs pannes fréquentes sur les échangeurs qu’ils n’arrivent pas à arpenter. Le visage du transport est à la vérité pitoyable (avec les derniers accidents de Sakal et de Sikilo qui ont occasionné plusieurs dizaines de morts), malgré les transports modernes et de dernière génération, tels que le BRT et le TER introduits récemment.

La responsabilité des médias en question 

Un autre univers qui donne à réfléchir, c’est celui des tradipraticiens. Ces derniers pullulent sur nos plateaux télé. A voir de nos jours certains, très inspirés, distiller des notions d’anatomie, lors de leur tribunes sur des plateaux télé, pour se donner un tant soit peu de consistance, tels des médecins, il y a à se poser des questions sur le niveau de responsabilités de ces médias, complices de certaines escroqueries. Avec ces méthodes et procédés et des temps d’antenne payés, ceux-ci arrivent à se fabriquer des réputations surfaites qui leur permettent de fourguer leur camelote et de recruter des clients au bord du désespoir et qui tendent l’oreille à n’importe quel faiseur de miracles ayant du buzz dans son domaine. L’on serait en droit d’attendre du Conseil national de Régulation de l’audiovisuel (CNRA), qu’il sévisse surtout que la loi prévoit et réprime ces manquements. Car les risques pour la santé sont énormes pour certains remèdes au dosage approximatif.

Les médias ont en effet cette responsabilité, celle de ne pas donner la parole à tout le monde. Surtout pas à ces tradipraticiens. C’est tout simplement interdit. La responsabilité des médias est tellement grande car alors certains de nos journalistes irresponsables ou ces animateurs qui n’en font qu’à leur tête, tendent de plus en plus le micro aux mauvaises personnes et finissent par créer des monstres qui se donnent n’importe quelle vocation pour cause de célébrité, de buzz et surtout de cupidité.

A la vérité, les médias n’ont pas vocation à chercher le buzz, ou à céder au tout divertissement abrutissant. Ce n’est nullement leur rôle. Leur rôle est plutôt d’éduquer et d’éveiller les citoyens. Ils doivent donc pouvoir trouver un savant dosage entre le divertissement intelligent qui sert le public et l’information du public, sans toutefois lui porter préjudice en le détournant des choses importantes. Les revues de presse ou des unes, sont tellement théâtralisées pour plaire au public, qu’elles finissent par causer du tort en leur fait souvent dire autre chose que ce qui est écrit.

Que l’on note surtout qu’en cette fin d’année, l’on en soit à discuter sur les réseaux sociaux, de titre de « chroniqueur de l’année » en citant Badara Gadiaga ou Serigne Bara Ndiaye, Pape Matar Diallo, Birima Ndiaye, Sa Ndiogou, etc et bien d’autres, l’on peut bien se poser des questions sur le niveau de perception de ceux-là que les téléspectateurs, auditeurs et internautes considèrent comme des chroniqueurs. Eh bien, un chroniqueur, c'est un journaliste expérimenté de la presse et spécialisé dans un domaine précis ; ou alors il est un spécialiste reconnu d’un domaine scientifique et technique ou d’une activité donnée, de manière à ce qu'il puisse en parler avec autorité.

Selon en tout cas les normes du métiers, tous ces personnages-là, sont loin de mériter ce titre. A l’heure des clivages politiques, ils sont tous d’un bord politique ou sont tout simplement des politiciens encagoulés. Comment Cheikh Bara Ndiaye a-t-il pu, par exemple, passer de tradipraticien (« Serigne Bara Ndiaye def guiss » pour ne pas dire « faiseur de miracles », ou plus exactement l’homme du « ndombo anti prison » (cordon en cuir mystique qu’on attache autour de la ceinture), à chroniqueur adoubé ? Soit ce qu’il raconte à longueur d’émissions, arrange ceux qui l’écoutent ; soit ils n’ont rien compris au rôle de chroniqueur qui ne consiste pas à s’attaquer à l’honorabilité des gens parce qu’ils ne partagent pas le même bord politique.

Ndella Madior, tantôt politique, tantôt conseillère matrimoniale 

Ndella Madior Diouf est en tout cas, un cas typique du personnage fabriqué par les médias. Une sorte de bon client qui ne s’embarrasse pas de se présenter, tantôt comme femme politique, tantôt comme conseillère matrimoniale. Elle fait le buzz, disons le simplement, et certains médias sans contenu, affectionnent ce genre de personnages si enclins à raconter des inepties, pour se faire des revenus Youtube et se remplir les poches. Elle officiait par moments dans « Kakatar », cette fameuse émission sur la TFM de Ya Awa Dièye, cette belle nymphe qui anime cette émission à la façon  « wax sa xalaat », faite d’opinions sans grande consistance. Elle y balançait sa conception du mariage, des relations et y distillait ses conseils en séduction dans une théâtralisation qu’affectionnent ces téléspectateurs qui aiment rire de tout. Même des inepties.

C’est en effet bien difficile d’arriver à concevoir dans un pays où les médias doivent être régulés, que l’on se retrouve à donner la parole à n’importe qui. Même aux repris de justice dont on relaie la parole et qui deviennent au finish des spécialistes de certains domaines très spécialisés. Ceux qui boivent leur parole, connaissent-ils le niveau de véracité de ce qu’ils affirment avec autorité et d’où ils tirent ces infos vraisemblables.

Il serait peut-être temps que l’on commence à s’interroger sur la santé mentale de certains qui commettent certains méfaits ou qui s’expriment dans nos médias. A la vérité, le sénégalais ne considère comme malade mental que celui qui s’habille en haillons ou se promène nu dans la rue. Pawlish Mbaye a tellement bien compris la psychologie du grand public qu’il s’est mis à vendre un concept tout bête, dénommé « affaire de fous » ! Il aime d’ailleurs à faire le pitre avec Ouzin Keïta chez Bijou Ngoné, cette autre animatrice de l’émission « Confrontation » sur la 2 S TV, au cours de laquelle, elle ne cherche bien souvent qu’un seul objectif, celui de ridiculiser ses invités. On est très mal barrés en effet.

Toutes ces affaires reléguées au rang de faits divers alors qu’elles sont graves, nous renvoient le miroir d’une société loin d’être sérieusement régulée. Une société de la débrouille où chacun s’arrange comme il peut et veut, pour se faire son beurre et se bâtir une réputation.

Certains ont bien compris la stratégie pour exister dans ce pays et être considérés. L’inflation de candidatures passées de 265 à près de 100 qui sont attendus, nous administrent la preuve que la majeure partie des candidats est composée de rigolos, de personnages en quête de publicité, mais surtout de candidats qui cherchent à se protéger lorsqu’ils n’exercent pas du chantage pour cacher voire protéger leurs cafards dans des gestions passées. Une raison supplémentaire pour davantage corser les candidatures et ne pas en arriver à financer la campagne pour ces gens-là. Président de la république, eh bien, c’est une affaire tellement sérieuse qu’elle ne peut être laissée à n’importe qui. Exercer la fonction ne devrait être réservé qu’à l’élite.