NETTALI.COM - Le régime de Macky Sall a fait reculer la démocratie au Sénégal. Telle est la conviction de Maurice Soudieck Dione. Invité ce dimanche de la radion privée Sud fm, l'enseignant chercheur en Sciences politiques a expliqué cette situation par "la perspective développementaliste" mise en avant par le numéro 1 sénégalais. 

"La démocratie sénégalaise a beaucoup reculé sous le règne du Président Macky Sall." Le constat est du professeur Maurice Soudieck Dione. Il était ce dimanche l'invité de Baye Oumar Gueye dans son émission Objection sur Sud fm. L'enseignant chercheur à l'Université Gaston Berger de Saint-Louis explique ce recul par "la perspective développementaliste" mise en avant par Macky Sall "pour justifier qu'on puisse écraser les droits et les libertés". Selon lui, il s'agit d'une idée qu'on avait déjà vu avec le président Abdoulaye Wade. "Macky Sall est beaucoup sur les infrastructures, sur le bilan matériel, sur les réalisations économiques... dont on peut discuter", dit-il. Or, poursuit Maurice Soudieck Dione, "il faudrait que l'on marche sur nos deux jambes, c'est-à-dire démocratie et développement".

Et si on en est à cette situation, c'est parce que, soutient-il, "les réformes sérieuses n'ont jamais été faites". Exemple : "Le rôle du procureur qui a des pouvoirs exorbitants alors qu'il est partie au procès, qu'il est soumis au ministre de la Justice, lui-même, nommé par le président de la République. Et dans certains types d'infractions, quand le procureur demande le mandat de dépôt, il est automatique alors qu'on aurait pu avoir un juge des libertés qui aurait pu apprécier. Tout cela aurait dû être réformé. C'est aussi le cas sur l'article 80, sur la diffusion de fausses nouvelles... qui sont des dispositions liberticides", analyse ce spécialiste des Sciences politiques. Et de poursuivre : "Le référendum de 2016 a finalement été une occasion manquée alors qu'il aurait pu nous permettre de nous entendre sur les réformes à mener."

Pis, Maurice Soudieck Dione dit avoir constaté, avec le régime de Macky Sall, "des tentatives de contrôle des organisations indépendantes comme la Commission électorale nationale autonome (CENA) et le Conseil national de régulation de l'audiovisuel (CNRA)". "Des manoeuvres et manipulations politiciennes qui remettent en cause leur efficacité et leur autorité", déplore-t-il. Il en est de même des difficultés liées à la Direction générale des élections (DGE), mais aussi la Direction de l'automatisation des fichiers (DAF) qui sont, selon lui, victimes des tentatives de remise en cause des acquis démocratiques. "Des manoeuvres subversifs qui les destabilisent", martèle Maurice Soudieck Dione. Qui rappelle : "Lors des locales, on a vu des autorités administratives se pourvoir en cassation pour que les listes de l'opposition soient rejetées." Avant de souligner : "La démocratie repose sur le prinicpe de la sauveraineté populaire. Le Conseil constitutionnel n'a pas à fausser l'expression de la sauveraineté populaire. Je comprend mal que l'administration participe à fausser l'expression de la volonté populaire en refusant de se conformer à la loi malgré les décisions de justice qui lui intime l'ordre de réintégrer Ousmane Sonko sur les listes électorales."